Législatives en Roumanie : les sociaux-démocrates arrivent en tête, mais l'extrême droite réalise une forte percée
Les sociaux-démocrates pro-européens sont arrivés en tête des législatives en Roumanie, dimanche 1er décembre, mais l'extrême droite confirme sa forte percée, plongeant dans l'incertitude cet Etat voisin de l'Ukraine, membre de l'UE et de l'Otan. Le PSD – qui gouvernait jusqu'à présent avec les libéraux – a recueilli 23,5% des voix, devançant les autres formations, selon des résultats partiels portant sur le dépouillement de plus de 96% des bulletins. L'ensemble des forces d'extrême droite combinées se situent toutefois à plus de 30%, soit trois fois plus que lors du précédent scrutin, en 2020.
Ces élections interviennent une semaine après le succès surprise du candidat d'extrême droite Calin Georgescu au premier tour de la présidentielle, un résultat qui a suscité chez les Européens des craintes sur le positionnement stratégique de la Roumanie. Les législatives n'ont pas permis de "clarifier" la situation, estime le politologue Cristian Pirvulescu. "Nous sommes face à un Parlement extraordinairement fragmenté qui pose de nombreux risques" et laisse augurer de difficiles négociations pour former un gouvernement, a-t-il dit à l'AFP.
Une participation en hausse
Si le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu, éliminé de la course à la présidence, s'est félicité de la première place de son parti, il a pris acte de la poussée des nationalistes. "Les Roumains ont lancé un important signal à la classe politique", a-t-il réagi.
L'extrême droite, disséminée entre plusieurs formations qui ont en commun de s'opposer au soutien à Kiev au nom de la "paix" et de défendre des "valeurs chrétiennes", s'est félicitée de ces résultats. "Aujourd'hui le peuple roumain a voté pour les forces souverainistes", a déclaré le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains), George Simion, qui a obtenu 17,9% des voix. "C'est le début d'une nouvelle ère où les Roumains se réapproprient le droit de décider de leur propre destin", a-t-il ajouté, alors que le taux de participation a atteint son plus haut niveau en deux décennies (52%) pour des législatives.
Dans le même camp, SOS Romania, dirigé par la candidate favorable au Kremlin Diana Sosoaca, et le tout nouveau Parti de la jeunesse (POT) font leur entrée au Parlement avec respectivement 7,3% et 5,9% des voix. Depuis la chute du communisme en 1989, le pays n'avait jamais connu pareille percée, alors que la colère d'une grande partie des 19 millions d'habitants couve devant les difficultés économiques et la guerre de l'autre côté de la frontière.
Des appels à un "gouvernement d'unité nationale"
Pour autant, faute d'alliés, l'accession au pouvoir de l'extrême droite est loin d'être garantie. Plusieurs responsables politiques roumains ont appelé dimanche à "un gouvernement d'unité nationale" pro-européen. "Unis, nous pouvons faire des merveilles", a notamment lancé la cheffe de file des centristes de l'USR (11,6%), Elena Lasconi, qualifiée pour le second tour de la présidentielle. "Après ces journées cauchemardesques", elle a appelé à laisser de côté les querelles de partis pour défendre "la démocratie" et l'indépendance de la Roumanie face à la Russie.
Les élections se sont déroulées dans un climat fébrile après la décision de la Cour constitutionnelle d'ordonner un recomptage des bulletins du premier tour de la présidentielle, sur fond de suspicions quant à l'intégrité des élections. Si le scrutin n'est pas annulé, le second tour aura lieu le 8 décembre.
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