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Les assiettes européennes à l'abri d'aliments issus du clonage animal
C’est assez rare pour être noté. Un vote du Parlement européen aussi clair, aussi large. Par 529 voix contre 120 et 57 abstentions, les eurodéputés ont dit non aux produits issus d’animaux clonés et de leur descendance, qu’ils soient produits en Europe ou importés.
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C’est en fait un épisode de plus d’un feuilleton qui dure déjà depuis quelques années. Il y a trois ans déjà, la Commission européenne avait cherché à renouveler la législation sur les nouveaux aliments. Il est vrai que le premier texte datait de 1997, un après la naissance d’une certaine Dolly, une brebis qui aura fait son chemin dans les opinions publiques. Ce qui avait bloqué en mars 2011, c’était la question de l’utilisation dans les produits alimentaires de la progéniture d’animaux clonés. Une descendance qui elle n’était pas clonée mais provenait d’animaux clonés.
Si le Parlement européen suivait à l’époque les propositions de la Commission européenne sur le fait d’interdire le recours au clonage pour la production alimentaire dès l’élevage et dans la fabrication de produits, restait un profond désaccord. Celui de la mise sur le marché européen de produits venant de la progéniture d’aliments clonés. Et c’est cette nouvelle proposition de la Commission européenne qui vient d’être rejetée avec pertes et fracas par le Parlement européen. Avec un José Bové, eurodéputé Europe Ecologie les Verts particulièrement combatif et ravi du résultat.
Pourquoi ce rejet franc et massif ? Plusieurs réponses. Les opinions publiques tout d’abord. Elles sont très majoritairement hostiles au clonage pour la production alimentaire. Méfiance du consommateur devant ces techniques mal identifiées et qui ne figurent pas sur les étiquettes de nos éventuels steaks ? Ethique ou simplement questionnement quant au bien être animal ? On sait par exemple que le taux de mortalité postnatal des animaux portant souvent plusieurs fœtus est très important. Et qu’il s’agit d’implanter plusieurs fœtus pour réussir.
Et c’est le second élément de réponse. Ce taux de mortalité élevé, le peu de réussite pour le moment de ces techniques, entre 6 et 15% pour les bovins, 6% pour les porcins. La science et les techniques du clonage ne paraissent pas encore suffisamment fiables.
Enfin, troisième élément du dossier, l’empressement de la Commission européenne qui est apparu suspect à bon nombre d’eurodéputés. En effet, se profile à l’horizon, le fameux accord entre les Etats-Unis et l’Europe, le déjà célèbre, avant d’être complètement négocié, Traite Transatlantique. Nos amis et néanmoins partenaires américains sont nettement moins timides lorsqu’il s’agit de clonage à des fins d’élevage. Et l’on sait que ce Traité n’est pas du goût de bon nombre d’agriculteurs ou d’écologistes.
Le dossier n’est pas clos. Le refus du Parlement européen n’est qu’une étape. Que vont faire les Etats, certains étant plus disposés que d’autres à l’égard du partenaire américain. Mais derrière ce partenaire avance à visage découvert le lobby agro-industriel. La bataille sera rude ces prochains mois.
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