Les conséquences d'un Grexit seraient "extrêmement lourdes" (économiste)
Qu'est-ce qui a déclenché ce bras de fer entre Athènes et ses créanciers ?
"Le conflit est très profond, très grave. Ce n'est pas simplement un petit jeu pour tirer le meilleur parti d'une négociation. Il faut chercher la nature du différent dans la cause actuelle du surendettement grec. D'un côté, on a des Européens qui feignent de croire que ce surendettement est lié seulement à une gabegie des finances publiques. Il faut donc serrer les boulons budgétaires.
Mais de l'autre côté, Tsipras pense que l'on est en face d'un déni de réalité. Pour lui, le surendettement est fondamentalement lié à la crise financière de 2007 et notamment au comportement des plus grandes banques à ce moment là. Et il ne s'agit pas seulement de la Grèce. Ces banques ont transféré leur dette toxique aux institutions publiques comme la Banque centrale européenne ou l'Union européenne, sans en subir vraiment les conséquences à l’époque.
C'est en 2010 que la restructuration de la dette grecques aurait dû avoir lieu. Aujourd'hui pour les Grecs, il est donc totalement légitime de restructurer cette dette, de l'effacer partiellement, ce que les Européens refusent obstinément d'envisager dans cette négociation.
Pourquoi les créanciers ont-ils refusé de prolonger le plan d'aide ?
Parce qu'il faudrait remettre en cause les politiques économiques qui sont suivies aujourd’hui en Europe. Ce sont des politiques "austéritaires". Il s'agit là d'une question qui touche à tout ce qui s'est fait depuis la crise financières pour essayer de combattre les effets de cette crise.
Un accord est-il encore possible d'ici mardi ?
C'est difficile de réponse à cette question. On est peut-être à la veille en effet lundi ou mardi d'une certaine panique financière sur ces marchés. Les banques grecques sont en très grande difficulté. Elle sont soutenues pour l'instant par la banque centrale européenne qui leur apporte des crédits d'urgences.
Mercredi on aura passé l’échéance du 30 juin et on sera en défaut de paiement. Le bras de fer qui a lieu actuellement est sur une question seulement qui est la question de la restructuration de la dette.
Le défaut de paiement veut-il forcément dire une sortie de la zone euro?
Au 30 juin, les Grecs doivent au FMI 1,6 milliards d'euros. Défaut de paiement, ça veut dire tout simplement qu'ils ne payent pas et donc que la Grèce ne remplit plus ses obligations financières par rapport à des créanciers. La sortie de la zone euro c'est une autre étape.
Il faudra voir qu'elle est la réaction de la Banque centrale européenne. Si la BCE refuse de continuer d'allouer des crédits d’urgence, les Grecs vont être dans une situation absolument impossible. Ils seront obligés de créer, parallèlement à l'euro, dans un premier temps, leur propre monnaie. Tout va dépendre de la récation de la BCE
Quelles seraient les conséquences d'un "Grexit" ?
Les conséquences seraient extrêmement lourdes, pas simplement pour la Grèce ou l'Europe. On entrerait dans une nouvelle crise financière à l'échelle mondiale. Ce qui risque de se passer sur les marchés c'est que les spéculateurs qui jouent à la baisse vont avoir un beau rôle. Ils vont miser sur la sortie de la zone euro et vont donc précipiter la sortie de la zone euro par leur spéculation à la baisse.
Il va y avoir une sorte de signal pour les marchés financiers qui aboutira à un début de panique financière, des phénomènes de "bank-run", c'est à dire des courses aux dépôts, et pas simplement en Grèce. Une sortie de la zone euro, c'est le signal donné aux marchés financiers pour tous les spéculateurs qui veulent spéculer à la baisse." ►►► A LIRE AUSSI | Le Parlement grec approuve le référendum sur les propositions des créanciers
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