L’extrême droite, troisième force politique en Autriche
Dans toute l’Europe, en Italie, en Suisse, en France, dans les pays scandinaves et en Hongrie, l’extrême droite populiste est soutenue par une partie non négligeable de la population. L’Autriche est également touchée par le phénomène. Dans ce pays, l'extrême droite s'imposait déjà dans la politique du pays bien avant les 18% de Marine Le Pen à la présidentielle française, ou les 19% du Parti des Vrais Finlandais.
Au lendemain des élections législatives de 1999, l’Autriche et l’Europe entière, ont la gueule de bois. Le FPÖ dirigé par le charismatique Jörg Haider devient la deuxième force politique du pays (27%), juste derrière le Parti social-démocrate. Bien que ce dernier conserve son statut de premier parti du pays, il réalise un score piteux.
La montée de l'extrême droite en Europe. Ina Avril 2002.
En 2008, après quelques déboires financiers et scandales de corruption les héritiers du FPÖ reviennent sur le devant de la scène lors de nouvelles élections législatives. En défendant un programme antieuropéen, antimondialisation, et xénophobe, le Parti autrichien de la liberté et l’Union futur Autriche deviennent la principale force d’extrême droite du Vieux Continent.
A eux deux, ils obtiennent 29% des voix et seulement 30 000 voix les séparent des sociaux-démocrates. La coalition constituée par les deux grandes formations politiques, les sociaux démocrates et les conservateurs, enregistrent leurs plus mauvais scores historiques.
Extrême droite bicéphale
Les chefs des deux partis FPÖ comme BZÖ refusent de revendiquer leur filiation avec le passé nazi des deux formations politiques. Mais leur rhétorique les trahit.
Ils ne sont pas pour autant interchangeables, bien qu’ils partagent les mêmes racines. Le BZÖ est né d’une scission du FPÖ : après une défaite politique écrasante, Jörg Haider, le chef du FPÖ, fonde le BZÖ. Ce parti ne réussit pas à se remettre de la mort de ce dernier, au volant de sa voiture en octobre 2008.
De leur côté, les électeurs préfèrent se tourner vers le FPÖ qui a su se moderniser et adopter une image plus lisse tout en faisant du charme aux nostalgiques du nazisme et d’une certaine mythologie germanique.
Après presque cinq ans au Parlement autrichien, les deux partis souhaitent confirmer leur rôle dans la vie politique autrichienne. De plus, le FPÖ espère remporter les régionales de 2013.
Une campagne choc
Comme en 2008, le programme électoral du parti est simple : protectionnisme, lutte contre « l’islamisation du pays », des mesures de protection sociale, et l’abolition de la loi interdisant la création d’un parti nazi.
Le FPÖ a agrémenté sa campagne d’affiches stigmatisant les immigrants et même les femmes de ménage marocaines. Ce qui rappelle la campagne de l’extrême droite suisse en 2011. Un modèle suivi par d’autres partis extrémistes du continent qui n’hésitent pas à faire des amalgames dans leurs spots publicitaires.
Déçu de la coalition des sociaux-démocrates et des conservateurs, l’électorat populaire se montre réceptif à cette propagande.
Par temps de crise, son idéologie trouve également un écho auprès de la jeunesse autrichienne, même auprès de ceux issus de l’immigration. En 2008, un jeune sur deux avait voté pour l’extrême droite. Aujourd’hui, le FPÖ arrive en tête chez les électeurs de moins de 40 ans.
Manifestation contre le bal de l'extrême-droite à Vienne.
A l’issue des élections régionales de 2013, l’Autriche pourrait être gouvernée par l’extrême droite, comme la Hongrie de Viktor Orban. Le parti ultra nationaliste remportait jusqu’au mois d’avril autant d’intentions de vote que les sociaux-démocrates, selon les sondages.
La crise au sein du FPÖ
Mais le pari n’est pas encore gagné. Des scandales de corruption retentissants éclaboussent des proches de Heinz Christian Strache, l’actuel chef du FPÖ. Au niveau national, le parti d’extrême droite est passé de 28% d’intentions de vote au mois d’avril à 23% selon un dernier sondage paru le 29 juillet.
Quoi qu’il en soit, un score honorable de l’autre parti d’extrême droite, l’Alliance pour l’avenir de l’Autrice (BZÖ), ne ferait que confirmer le poids des deux formations. Même si le BZÖ ne récolte que 4% des intentions de vote.
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