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A Lviv, la communauté arménienne déchirée entre patrie d'origine et patrie d'adoption : "Ils nous ont aidés, à nous de les soutenir"

Etroitement liée à la Russie, l'Arménie tente de rester neutre depuis le début de la guerre en Ukraine. Une situation difficile à vivre pour la communauté arménienne qui vit à Lviv.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La cathédrale arménienne de Lviv (Ukraine). (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

L’Arménie, très dépendante du parapluie militaire russe dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaidjan au Nagorny Karabakh, n’a pas apporté son soutien à l’Ukraine face aux bombardements et à l’invasion du voisin russe. A Lviv, la communauté arménienne de plusieurs centaines de familles s’est, elle, mobilisée dès les premières heures pour aider les réfugiés ukrainiens. Etre à la fois arménien et ukrainien, ce n’est pas forcément toujours facile depuis le 24 février.

A l’heure de l’office dans la cathédrale arménienne de Lviv, Mané nous retrouve sous le porche. Arménienne et citoyenne d’Ukraine comme elle se définit, elle regrette que Erevan ait dû se ranger côté russe. "C’est une décision de l’Etat arménien que le peuple arménien a du mal à accepter. J’aurais préféré que la position officielle de l’Arménie, ma patrie, soit de soutenir l’Ukraine, mais l’Arménie, en vérité c’est un tout petit pays, très dépendant de la Russie, et qui est lui aussi impliqué dans un conflit militaire au Nagorny Karabakh. Elle est dans une situation compliquée. Je le regrette beaucoup. Malheureusement, là, je sens vraiment ce déchirement en moi."

Mané, Arménienne et citoyenne ukrainienne. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Arsene est lui venu avec son jeune fils. Il ne se sent pas concerné par les choix politiques de son pays d’origine, l’Arménie. Ce sont les gouvernants qui font leurs affaires, mais les gens simples souffrent, dit-il. Et nous sommes tous aux côtés des Ukrainiens. "Je suis citoyen arménien mais j’habite ici depuis longtemps, mes enfants sont nés ici. Quand la guerre a commencé des amis en France m’ont proposé de venir me mettre à l’abri avec les enfants. Mais moi, j’ai toujours combattu pour mon pays et c’est ce que je leur apprends. Il faut défendre son pays."

Arsene et son fils. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Défendre. Pas question de fuir. Aik, lui a franchi le pas. Ce commercial d’une quarantaine d’années a rejoint les brigades qui défendent la ville. L’œil est noir et le ton assuré, il explique : "Je fais partie de la défense territoriale. Quand on m’appelle, je prends mon flingue et je vais sur les check points. Dans ma maison on reçoit ds gens de Kiev, de Kryviyrih. Les Arméniens soutiennent beaucoup. Il y a deux semaines il y avait ici dans la cathédrale un rassemblement pour soutenir l’Ukraine, il y avait plus de 70 personnes avec des drapeaux ukrainiens."

Aik, membre de la défense territoriale. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

"Nous sommes ici depuis le 13e siècle, lance l’un des amis d'Aik à la sortie de la messe. Les Russes ne cherchent qu’à diviser les peuples. Ils ne réussiront pas avec nous."

Les Arméniens de Lviv sont tous reconnaissants envers l’Ukraine de les avoir accueillis, lorsqu’ils fuyaient les combats ou cherchaient une terre d’accueil après les tremblements de terre. "Ils nous ont aidés. A nous maintenant de les soutenir."

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