À Saint-Omer, le club de foot se mobilise pour secourir des réfugiés ukrainiens
À bord de quatre mini-bus chargés de produits de première nécessité, neuf bénévoles de l'Union sportive du Pays de Saint-Omer partiront mardi matin vers la capitale polonaise. Ils feront ensuite le chemin inverse en compagnie de 24 réfugiés ukrainiens, attendus jeudi dans les Hauts-de-France par des familles d'accueil.
"Nous ne sommes qu'un maillon d'une longue chaîne de solidarité." Pascal Fériau, président du club de football de l'US Pays de Saint-Omer, insiste : son action s'inscrit dans une dynamique locale, née au début du mois de mars, pour porter secours aux réfugiés ukrainiens. Mardi 29 mars, sur les coups de 7 heures, avec huit autres bénévoles du club, il prendra la tête d'un convoi de quatre mini-bus.
Direction Varsovie, en Pologne, à 1 500 kilomètres du Pas-de-Calais. Avant de partir, ils auront chargé les coffres des véhicules de produits de première nécessité : couches, protections hygiéniques, shampoings, batteries externes pour les portables des soldats, vêtements chauds, denrées alimentaires...
"Notre club est bâti sur des valeurs de solidarité. On participe chaque année à des actions pour les Restos du cœur, par exemple. J'ai appris qu'une habitante de mon village se mobilisait pour les réfugiés ukrainiens et cherchait de l'aide pour rapatrier des personnes vulnérables en France, raconte Pascal Fériau. Il était primordial pour nous de faire quelque chose." Après avoir rencontré Mary Meaney, à l'origine de l'initiative Solidarité ukraine, le dirigeant a proposé son appui pour la partie logistique de l'opération, en mettant à disposition les mini-bus du club et des chauffeurs bénévoles.
Un appel aux dons entendu
Pour financer le voyage et l'achat de produits de première nécessité, le club a lancé un appel aux dons. S'est ajoutée à la cagnotte l'intégralité des recettes d'un match de l'équipe de National 3. "Au total, nous avons réuni 7 000 euros. 3 000 euros sont alloués aux frais de déplacement, le reste a servi à acheter tous les produits que nous allons livrer", détaille le président du club de football. Pour gonfler les colis, des collectes ont en plus été organisées en amont du départ.
L'arrivée en Pologne des neuf bénévoles, tous retraités, est prévue mardi soir. Après une nuit de repos, les membres de l'US Pays de Saint-Omer se rapprocheront de leur contact sur place, une dirigeante d'une ONG. "C'est elle qui nous dira où livrer les dons et qui nous indiquera où nous rendre pour retrouver les 24 Ukrainiens que nous allons ramener", détaille Pascal Fériau, qui avait tenu à vérifier la présence d'un nombre suffisant de familles d'accueil dans le secteur de Saint-Omer avant de s'engager.
Pour fluidifier la communication avec les réfugiés, la femme de l'un des joueurs de l'équipe de National 3, d'origine ukrainienne, sera aussi du voyage et officiera comme interprète. Tous sont attendus jeudi matin au château d'Écou à Tilques, où réside Mary Meaney, mère de six enfants de 49 ans, qui, par le passé, s'est rendue à plusieurs reprises à Kiev pour des raisons professionnelles.
L'implication de toute une communauté
Son relais en Pologne devra identifier les familles à rapatrier. "Le but est qu'elle repère les plus vulnérables, ceux qui ne peuvent pas continuer à vivre dans des camps ou dans le métro. Si possible, elle essaie de faire en sorte de choisir ceux qui ont un lien avec la France", explique Mary Meaney, qui accueille dans son grand domaine depuis déjà deux semaines une vingtaine de réfugiés – des orphelins, une jeune maman avec son nourrisson, des enfants handicapés, mais aussi une ancienne championne d'aviron qui a participé à trois éditions des Jeux olympiques. "La Pologne ne peut faire face seule. Il y a beaucoup de femmes et d'enfants en détresse."
En lien avec le sous-préfet et le maire de Saint-Omer, Mary Meaney, qui siège dans différents conseils d'administration britanniques, se démène pour offrir un toit à un maximum de réfugiés. "Tout le village nous soutient. Le club de football donc, la boulangerie, qui nous livre du pain. Les scouts viennent s'occuper des enfants tandis qu'on donne des cours de français à leur maman. On a lancé des consultations en visio avec des psychologues pour les réfugiés, mais aussi pour les familles d'accueil. On essaye de faire tout ce qu'on peut", assure Mary Meaney, qui attend désormais de l'Etat qu'il prenne la suite. "Les familles d'accueil représentent une solution d'urgence. Maintenant, il faut prévoir l'étape d'après et leur trouver de quoi s'installer."
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