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Attaque de drones sur le sol russe : "Cela traduit le fait que le régime n'est pas capable de protéger la capitale" pour le général Jérôme Pellistrandi

D'après le général Jérôme Pellistrandi, les attaques de drones subies par Moscou dans la nuit du 29 au 30 juillet montrent la "fébrilité" du régime russe, même si les dégâts "ne sont pas spectaculaires".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Des immeubles endommagés à Moscou par une frappe de drones, le 30 juillet 2023. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, estime dimanche 30 juillet sur franceinfo que l'attaque de drones déjouée la nuit du 29 au 30 juillet à Moscou, attribuée aux forces ukrainiennes par les autorités russes, "traduit le fait que" le régime "n'est pas capable de protéger la capitale". Cette attaque sur deux tours de bureaux n'a pas fait de victimes, selon les autorités russes.

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franceinfo : Est-on certain que ces attaques sont ukrainiennes ?

Jérôme Pellistrandi : Il faut rester prudent parce qu'on sait depuis le début de la guerre que Moscou pratique avec brio l'art de la manipulation. Ces attaques pourraient peut-être être d'origine ukrainienne. En tout état de cause, elles traduisent bien la fébrilité de Moscou après bientôt 18 mois de guerre.
On voit que Kiev reste très prudent. Autant frapper en Crimée répond à des objectifs militaires précis, il s'agit en droit international toujours du territoire ukrainien, autant taper sur des cibles en Russie, c'est un peu plus risqué, parce que cela devient un prétexte pour Poutine pour justifier en quelque sorte cette fameuse "opération spéciale militaire". 


Si Kiev est bien à l'origine de ces attaques de drones, sait-on s'ils ont décollé du sol ukrainien ou du sol russe ?

Il faudrait savoir quel est le type de drones utilisé. On voit que les dégâts ne sont pas spectaculaires, donc ce sont des drônes qui n'ont pas des charges explosives extrêmement importantes. Il est vraisemblable que ce sont des drones partis du territoire russe et cela veut dire que ce sont, si c'est le cas, des agents des forces spéciales ukrainiennes qui ont effectué ce type d'opérations. Il n'en demeure pas moins que cela traduit le fait que Moscou n'est pas capable de protéger la capitale. 
C'est un signal qui est envoyé de toute façon à l'opinion publique russe. C'est aussi le fait de montrer à la population moscovite, qui finalement vit la guerre de très loin, que c'est le quotidien de la population ukrainienne. Après 18 mois de guerre, je pense que les Ukrainiens considèrent qu'ils n'ont plus rien à perdre, que frapper des immeubles de bureaux ou des installations à l'intérieur du territoire russe est en quelque sorte de bonne guerre.


La Russie poursuit ses frappes en parallèle en Ukraine : à quoi cela sert-il ? 

Ces frappes n'ont pas de vraie valeur militaire. Les villes ciblées par Moscou subissent depuis plusieurs mois ce type de frappes [en Ukraine]. Il y a hélas des victimes civiles, mais avec des chiffres qui sont relativement réduits. Bien sûr, c'est toujours dramatique mais il n'y a pas d'effet militaire. Au contraire, cela soude la population ukrainienne qui est n'en peut plus et en veut terriblement à la Russie. Le degré de haine entre l'opinion publique ukrainienne et la Russie ne fait que s'accroître avec ces frappes-là. Le sentiment que ça donne, c'est que Poutine, puisqu'il ne trouve pas de solution militaire à son "opération spéciale militaire", veut punir la population ukrainienne. 

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