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Bombardements à Kiev : "Les Russes montrent le mépris qu'ils ont pour les Nations unies", selon un ancien ambassadeur français en Russie

Des bombardements ont eu lieu jeudi soir à Kiev pendant la visite du secrétaire général de des Nations unies Antonio Guterres.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des services d'urgence dans le centre-ville de Kiev après un bombardement sur la capitale ukrainienne, le 28 avril 2022. (MIGUEL GUTIERREZ / EFE / MAXPPP)

"Une fois de plus, les Russes montrent le mépris qu'ils ont pour la vie humaine, cette fois-ci, ils ajoutent le mépris qu'ils ont pour les Nations unies", a déclaré sur franceinfo Jean-Maurice Ripert, ancien ambassadeur de France en Russie, après des bombardements à Kiev dans la soirée du jeudi 28 avril, en pleine visite du secrétaire général de l'ONU dans la capitale ukrainienne.

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"Ça ne lasse pas d'inquiéter sur le fait que Poutine est déterminé à continuer", s'est-il par ailleurs inquiété. Il espère que cela provoquera une "prise de conscience auprès des dirigeants qui n'ont pas osé condamner l'agressions russe".

franceinfo : Quelle a été votre réaction après ces bombardements sur Kiev ?

Jean-Maurice Ripert : Je ressens d’abord de la tristesse, et surtout pour les civils qui reçoivent tous les jours des bombes russes. L’acte parle de lui-même. Une fois de plus, les Russes montrent le mépris qu’ils ont pour la vie humaine, cette fois-ci, ils ajoutent le mépris qu’ils ont pour les Nations unies. On pouvait déjà le sentir dans cette conférence de presse un peu triste qu’a donnée le secrétaire général des Nations unies avec le ministre des Affaires étrangères russes Sergei Lavrov, alors que dans le même temps, le président Poutine faisait une conférence de presse pour féliciter les athlètes russes.

Tout ça montre bien le mépris absolu de la Russie pour le droit international, pour la charte des Nations unies. Et ça ne lasse pas d'inquiéter sur le fait que Poutine est déterminé à continuer. Par ailleurs, cette frappe sur des civils intervient alors que la visite d'Antonio Guterres était fondée sur la demande de coopération avec la Cour Pénale Internationale pour dénoncer et juger des crimes de guerre commis contre des civils par l’armée russe. Le message est clair, la Russie ne coopérera pas.

Faut-il craindre une nouvelle escalade ?

Le pire n’est jamais sûr. La Russie envoie des signaux contradictoires chaque jour, prétend vouloir négocier tout en continuant ses bombardements, prétend vouloir s’arrêter tout en déstabilisant la Transnistrie moldave. Tout est fait pour que la confusion règne. Je ne sais pas ce que croient les Russes, mais l'Ukraine vivra, si le président Poutine ne l’a pas encore compris. On ne sait pas très bien quelles conséquences il va tirer de cette constatation qu’il a échoué dans sa tentative de destruction militaire de l'Ukraine.

À quelles conséquences peut-on s'attendre dans la communauté internationale après de tels actes ?

J’espère que cela provoquera une prise de conscience notamment auprès des dirigeants qui jusque-là n’ont pas osé condamner l'agression russe en Ukraine aux Nations unies. Il y a 140 pays qui ont condamné l’agression russe sur 192 États membres. J'espère que ceux qui ne l’ont pas encore fait comprendront qu’il faut choisir non seulement entre la Russie et l’Ukraine, mais entre la Russie et la démocratie, les droits de l’homme et peut-être demain entre la Russie et les Nations unies.

Peut-on encore espérer une solution humanitaire pour les civils toujours bloqués ?

Il faut toujours espérer qu’on pourra trouver des solutions pour ouvrir des corridors humanitaires, notamment pour ce qui reste de civils à Marioupol. Pour l’instant, ça a toujours échoué du fait du refus russe. Les Russes procèdent à des évacuations forcées, ils déportent des citoyens ukrainiens vers la Russie. Ce ne sont pas des corridors humanitaires au sens du droit international, où les civils peuvent choisir l’endroit où ils veulent se rendre. Espérons qu'après le psychodrame d’aujourd’hui, les Russes reviendront à la raison.

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