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Carte Crise entre l'Ukraine et la Russie : où sont déployées les forces militaires dans l'est de l'Europe ?

La Russie est accusée d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats en plusieurs points stratégiques de sa frontière avec l'Ukraine, en vue d'une potentielle offensive.

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Des soldats ukrainiens dans la région de Louhansk, en Ukraine, le 25 janvier 2022. (WOLFGANG SCHWAN / ANADOLU AGENCY / AFP)

L'heure est à la diplomatie. Des conseillers français, allemands, russes et ukrainiens se sont réuni à Paris, mercredi 26 janvier, afin de trouver une issue à la crise opposant Moscou à Kiev. Pendant ce temps, sur le terrain, des militaires sont mobilisés.

Le Kremlin est accusé d'avoir envoyé plusieurs dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne et Washington s'attend à ce que la Russie puisse faire "usage de la force militaire" contre l'Ukraine d'une manière ou d'une autre, "peut-être" d'ici mi-février, selon la vice-secrétaire d'Etat américaine, Wendy Sherman. De son côté, l'Otan a renforcé sa présence dans la région depuis que la Russie a annexé la Crimée. C'est d'ailleurs l'un des points sensibles de Moscou, qui réclame le gel de l'élargissement l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord en Europe, avec en premier lieu le rejet de l'adhésion de l'Ukraine.

Franceinfo vous aide à situer, sur cette carte, les positions des différentes parties prenantes sur le terrain.

Carte des forces militaires autour de l'Ukraine (ELLEN LOZON / FRANCEINFO)

Des troupes russes à la frontière et en Biélorussie

Alors que l'est de l'Ukraine connaît un conflit larvé depuis 2014, de l'autre côté de la frontière, l'armée russe renforce ses positions. Ce déploiement de force sans précédent est documenté depuis plusieurs mois, notamment grâce à l'analyse de dizaines d'images amateurs ou satellites. Artillerie, véhicules blindés, chars, camions citernes… Des dizaines de convois ferroviaires sont observés. Des équipements qui viennent renforcer des bases russes déjà existantes ou nouvellement établies, comme le montre notre carte.

En décembre dernier, les services de renseignement américains estimaient à 100 000 le nombre de soldats russes rassemblés aux abords de la frontière et en Crimée. D'après un suivi réalisé par Rochan Consulting, une société d'analyse dans le domaine militaire, on dénombre 17 bases militaires russes permanentes à proximité des frontières ukrainiennes et biélorusses, et sept camps où de nouvelles unités se sont installées. 

Depuis début janvier, des mouvements similaires sont également observés en Biélorussie, pays allié de Moscou. Le 18 janvier, le ministère biélorusse de la Défense a annoncé que des troupes russes allaient arriver en février pour des exercices de "préparation au combat". "Les exercices à venir de préparation opérationnelle et de combat ont lieu du fait de l'aggravation de la situation politico-militaire dans le monde, l'augmentation continue des tensions en Europe, notamment aux frontières ouest et sud du Bélarus", a expliqué Minsk. 

Pour autant, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a estimé mercredi que les effectifs russes rassemblés à la frontière ukrainienne était encore "insuffisants" pour lancer une attaque d'envergure contre son pays. Ce nombre "est important, il représente une menace pour l'Ukraine", mais "à l'heure où nous parlons, ce nombre est insuffisant pour une offensive à grande échelle contre l'Ukraine le long de toute la frontière ukrainienne", a-t-il déclaré.

Des soldats de l'Otan autour de l'Ukraine 

L'Otan, alliance politique et militaire, compte aujourd'hui 30 Etats-membres, parmi lesquels plusieurs pays frontaliers de l'Ukraine : la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. La coopération entre l'Alliance et Kiev, l'un de ses partenaires, "s'est intensifiée" en 2014, "conséquence de la crise qui a éclaté entre la Russie et l'Ukraine", note l'organisation. Pour l'Otan, "une Ukraine souveraine, indépendante et stable, fermement attachée à la démocratie et à l'Etat de droit, est essentielle à la sécurité euro-atlantique".

Ces dernières années, "en réponse à l'annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014", l'Otan "a renforcé sa présence dans la partie orientale du territoire de l'Alliance, notamment en y déployant quatre groupements tactiques multinationaux", dans les pays baltes ainsi qu'en Pologne. Ces groupements comprennent des "forces multinationales fonctionnant sur le principe de la rotation et prêtes au combat", précise l'organisation, qui rappelle l'absence de forces de l'Alliance dans les Etats membres d'Europe de l'Est avant 2014.

Comme le présente cette carte interactive de l'Otan, ces groupements se trouvent à Rukla (Lituanie), à Adazi (Lettonie), à Tapa (Estonie) et à Orzysz (Pologne). Les pays baltes comptent également des unités d'intégration des forces Otan, dont la mission est "de contribuer à l'entraînement des troupes nationales et de faciliter le déploiement rapide des forces alliées si nécessaire". Celles-ci sont situées à Vilnius (Lituanie), à Riga (Lettonie) et à Tallinn (Estonie).

L'Otan a par ailleurs développé sa présence dans le sud-est de l'Europe, avec "une brigade multinationale" à Craiova, en Roumanie. Dans ce pays partageant une part de sa frontière avec l'Ukraine, l'Otan est aussi présente à travers la base aérienne de Deveselu (Roumanie), qui comprend un système de défense antimissile. Elle compte aussi une unité d'intégration des forces Otan à Bucarest. Une autre unité de ce type est située à Székesfehérvár, en Hongrie, aussi voisine de l'Ukraine. L'Otan a en outre renforcé sa présence maritime et aérienne dans la région de la mer Noire.

Des renforts envoyés dans le sud-est de l'Europe

L'Alliance atlantique a annoncé, lundi, l'envoi par plusieurs de ses Etats-membres de renforts militaires en Europe de l'Est. Il s'agit, explique l'Otan, "de renforcer la posture de dissuasion et de défense de l'Otan, alors que la Russie poursuit le renforcement de son dispositif militaire en Ukraine et alentour". 

Le Danemark a ainsi prévu d'envoyer une frégate en mer Baltique, ainsi que quatre chasseurs F-16 sur le territoire lituanien, "à l'appui de la mission de police du ciel" de l'Alliance. Madrid doit envoyer à son tour plusieurs navires "qui iront rejoindre les forces navales de l'Otan" et pourrait lancer l'envoi de chasseurs en Bulgarie. Les Pays-Bas y enverront également deux chasseurs F-35 dès le mois d'avril, tout en proposant "un navire et des unités terrestres en état de disponibilité", pour la force de réaction de l'Alliance atlantique.

Les Etats-Unis ont pour leur part placé en état d'alerte lundi quelque 8 500 militaires, qui pourraient gonfler les rangs de la Force de réaction de l'Otan qui compte 40 000 soldats. La décision de les déployer n'a pas encore été prise mais une livraison d'équipements militaires et de munitions a déjà été envoyée à Kiev par avion. La France, de son côté, s'est dite "prête à envoyer des troupes en Roumanie" sous commandement de l'Otan.

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