Consommation : "Moins de bœuf, plus de volaille", constate le président de Système U, "les clients arbitrent plus que jamais"
"On va accompagner les Français dans cette crise dont on sent qu'elle est presque plus préoccupante qu'il y a deux ans avec le Covid", assure Dominique Schelcher.
Dominique Schelcher, président de Système U, assure jeudi 17 mars sur franceinfo que le groupe va "prendre sur ses marges" pour accompagner les consommateurs face à la hausse des prix des carburants et de l'alimentaire consécutif à la guerre en Ukraine, comme le demande le gouvernement en complément de son plan résilience présenté mercredi.
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franceinfo : Le plan de résilience a-t-il un impact pour vous ?
Dominique Schelcher : Ce que j'observe, ce sont de vrais impacts sur la chaîne économique. Et je ressens que ce plan de résilience est vraiment très nécessaire.
"Je prends un exemple, les pêcheurs : quand ils ne sortent pas parce que le carburant est cher, il y a moins de poisson, dont celui-ci est plus cher."
Dominique Schelcher, président de Système Uà franceinfo
En magasin, plus que jamais, les clients arbitrent, font des choix parce que tout leur coûte plus cher, notamment l'énergie, le carburant, le chauffage à la maison. Ils achètent moins de viande de bœuf, par exemple, et plus de volaille. On tient compte de ça, on commande plus de volailles, on fait plus de promotions que jamais. Dans cette période, on va prendre sur nos marges. On va accompagner les Français dans cette crise dont on sent qu'elle est presque plus préoccupante qu'il y a deux ans avec le Covid.
Pourquoi les prix de certains produits flambent-ils déjà ?
À court terme, l'impact que nous avons dans nos rayons est celui qui fait suite aux négociations commerciales, qui ont pour but de défendre le revenu des agriculteurs. Il va y avoir une meilleure rémunération pour les agriculteurs sur cette part de matières premières agricoles, et c'est ce qui arrive en rayon. L'impact de la guerre en Ukraine, lui, n'arrivera qu'à moyen ou long terme.
"L'essentiel de l'huile de tournesol qui circule dans le monde vient à 76% de Russie : dans deux ou trois mois, nous allons manquer d'huile de tournesol, notamment pour tout ce qui rentre dans les recettes de produits plats cuisinés."
Dominique Schelcherà franceinfo
La chaîne industrielle va devoir se réorganiser pour trouver un produit de remplacement. Trouver un produit de remplacement dans la précipitation, c'est des choses qui coûtent un peu plus cher.
Allez-vous faire une remise supplémentaire sur les carburants en station ?
Notre marge sur le carburant, c'est 1,5 centime. Notre marge de manœuvre est très étroite. Je salue le geste de Total, 10 centimes c'est formidable, mais ils en ont les moyens. Nous, c'est différent, beaucoup de stations sont déjà à prix coûtant permanents. On va contribuer à ce petit geste de un à deux centimes, comme le demande le ministre de l'Économie, là où c'est possible.
Comptez-vous augmenter les salaires, comme le gouvernement appelle les entreprises à le faire ?
Nous sortons à peine quelques semaines des négociations annuelles, notamment dans notre coopérative, et donc le travail a déjà été fait à court terme et on a tenu compte de la situation. Notre branche, l'année dernière, avait été une des premières à réagir à toute cette situation et avait également joué le jeu. Bien sûr, on va continuer à être vigilant. On va continuer à dialoguer avec nos représentants et on continuera à accompagner s'il le faut cette année. Je pense que vu le rythme de l'inflation, il y aura forcément tôt ou tard une revalorisation déjà du Smic, qui entraînera forcément à un moment une évolution sur ce sujet.
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