Coupure d'électricité à la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine : "Les groupes électrogènes n'ont pas été endommagés", rassure une experte
Alors que la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine a été à nouveau déconnectée du réseau électrique samedi, Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers, émet l'hypothèse que ce sont les câbles de haute tension qui ont été endommagés en raison des bombardements.
"Les groupes électrogènes n'ont pas été endommagés" et "peuvent faire fonctionner" la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, a rassuré dimanche 4 septembre sur franceinfo Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers alors qu'un réacteur de la centrale s'est arrêté samedi, après une coupure d'électricité.
franceinfo : Est-ce les bombardements qui provoquent ces ruptures électriques ?
Emmanuelle Galichet : Les bombardements vont provoquer une perte d'alimentation de la ligne électrique extérieure et à ce moment-là, vous avez des arrêts d'urgence des réacteurs. C'est automatique dès que les lignes tombent. Ce sont les câbles de haute tension qui sont endommagés à chaque fois.
Quel est le risque majeur ?
Une centrale nucléaire pour fonctionner a besoin d'eau et d'électricité. Ces deux éléments sont là pour refroidir le cœur, pour évacuer la chaleur. Donc, dès que vous n'avez plus d'électricité, vous ne refroidissez plus, et vous pouvez monter en température à l'intérieur et allez vraiment, dans des cas extrêmes, vers la fusion du cœur.
Les alimentations électriques de secours suffisent-elles à assurer un fonctionnement normal et sécuriser la centrale ?
Ce sont toujours des conditions dégradées évidemment. C'est la deuxième barrière, voire la troisième barrière de défense, qui a été mise en place avec les groupes électrogènes. Mais ça fonctionne. Les tests ont été faits. S'ils sont là c'est qu'ils peuvent fonctionner. Un groupe électrogène peut donner de l'alimentation électrique à un réacteur. Sur Zaporijjia, vous en avez 20. On est encore largement couvert pour l'alimentation électrique.
Ces groupes électrogènes ne sont pas endommagés ?
Pour l'instant, il semble que non, selon les informations que nous avons. On nous dit que les groupes électrogènes n'ont pas été endommagés. Cela ne s'est jamais produit depuis le début de la guerre. Aussi bien les Ukrainiens que les Russes connaissent bien la centrale. Ils savent où sont les points sensibles. Pour l'instant, ils ne les ont pas touchés. On n'est à l'abri de rien. Le risque zéro, malheureusement, n'existe pas.
Concernant les coupures électriques, est-ce que l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA) peut se charger des réparations ?
Elle pourra sûrement s'en charger, mais l'exploitant aussi. Ils sont absolument complètement compétents pour leur installation. Ils la connaissent bien. Ils savent faire de la maintenance dessus, ils savent faire des réparations. L'AEIA n'apportera pas un plus. Elle est là pour faire vraiment une inspection des endroits où il y a des risques de radioactivité.
Combien de fois, finalement, une centrale peut être débranchée, rebranchée, secouée par des bombardements ?
Une centrale nucléaire tout au long de sa vie a énormément de maintenance. Lorsque vous faites des actions de maintenance, vous la débranchez du réseau et vous la rebranchez après. C'est une action banale. En fait, le débranchement et le rebranchement, cela n'abîme pas les circuits, c'est des actions qui sont faites très très régulièrement tout au long de la vie d'une centrale. Ce qui pourrait endommager et la fragiliser ce sont des bombardements sur, par exemple, les enceintes de confinement qui pourraient être fragilisées, ce qui n'a pas eu lieu aujourd'hui.
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