Cet article date de plus de deux ans.

"S'il devait y avoir une défaite de l'Ukraine, il n'y aurait plus d'Ukraine", affirme l'eurodéputée Renew Nathalie Loiseau

Le président russe a justifié ses bombardements "massifs" dans plusieurs villes ukrainienne par l'attaque "terroriste" de Kiev contre le pont de Crimée. Nathalie Loiseau rétorque que c'est la Russie qui a "un comportement terroriste". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Nathalie Loiseau, eurodéputée LREM et ex-ministre des Affaires européennes, samedi 3 avril 2021 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"S'il devait y avoir une défaite de l'Ukraine, il n'y aurait plus d'Ukraine", a affirmé lundi 10 octobre sur francienfo l'eurodéputée Renew Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission Sécurité et Défense, après les bombardements russes qui ont frappé Kiev et d'autres villes d'Ukraine. Pour l'élue, la situation "justifie" que l'Union européenne "amplifie" son soutien à l'Ukraine.

franceinfo : Que peut faire de plus l'Union européenne après les bombardements de ce lundi en Ukraine ?

Nathalie LoiseauJamais les Européens n'ont été responsables de la moindre escalade. Mais Vladimir Poutine, lui, n'hésite pas à s'en prendre à des civils sans aucun gain militaire pour l'armée russe. Parce que cette pluie de missiles et de bombes aujourd'hui n'apporte rien à la situation de l'armée russe sur le front. De notre côté, nous allons continuer à soutenir l'Ukraine, continuer à lui envoyer des armements, si possible, vite et si possible des armements qui lui permettent de se défendre dans des bonnes conditions. On parle de systèmes anti-aérien, on parle de tanks, parce que l'Ukraine sait en faire bon usage et que manifestement l'heure de la négociation n'a pas sonné. On a un président russe qui est plus en train de négocier avec ses ultras au sein même du pouvoir russe pour essayer de leur donner des gages, et qui n'est pas du tout dans une logique de désescalade.

Ces frappes sont-elles une démonstration de force de la Russie ou aveu de faiblesse ?

Cela s'apparente à des crimes de guerre, puisque ce sont des frappes contre des civils, sur des cibles qui sont pour la plupart des cibles qui n'ont aucun sens. Il a frappé des infrastructures électriques pour essayer d'affaiblir l'Ukraine. Mais il a frappé des jardins publics à Kiev ou ailleurs. Donc son objectif, c'est de terroriser. C'est un comportement terroriste. Je pense qu'il se trompe. Et autant on voit aujourd'hui un pouvoir russe divisé, qui s'interroge parfois très ouvertement, y compris sur les télévisions officielles russes, autant on voit une population ukrainienne extraordinairement résistante, qui est très rassemblée derrière Volodymyr Zelenski, dont personne ne remet en question le leadership. Donc du point de vue politique, ce n'est pas un aveu de force. Et du point de vue militaire, cela n'apporte rien à la situation sur les différents fronts, que ce soit à l'Est ou au Sud.

Est-ce que vous craignez un changement profond de la nature de la guerre comme l'a évoqué Emmanuel Macron ?

Ce que l'on voit, c'est quelque chose qui n'avait pas eu lieu depuis le mois de juin. Ce recours à des frappes indiscriminées avec des missiles de précision qui ne sont pas ceux qui sont utilisés sur le front, qui sont aussi des missiles coûteux dont on ne peut pas imaginer que la Russie en dispose considérablement. En tout cas, cela lui coûte énormément. Et on sait que l'économie russe est affaiblie par les sanctions. Mais ce que l'on voit aussi, c'est la Biélorussie qui, en traînant des pieds sans beaucoup d'enthousiasme, accepte de faire croire qu'elle se laisse entraîner dans la guerre aux côtés de Vladimir Poutine. On verra la réalité sur le terrain. S'il devait y avoir un front depuis la Biélorussie, ce serait un front de plus pour l'armée ukrainienne et ce serait évidemment une difficulté supplémentaire. En tout cas, cela justifie que l'on accélère et que l'on amplifie notre soutien à l'Ukraine. Cela ne fait pas de doute. Est-ce que ce que nous voulons cohabiter en Europe avec une Russie qui méprise à ce point la souveraineté de ses voisins, qui méprisent à ce point même le droit de la guerre, qui commet des crimes de guerre? Je crois que la réponse est non.

Un nouveau train de sanctions est-il envisageable ?

Il est évidemment envisageable. À chaque fois, les sanctions sont calibrées, sont proportionnées. Le but n'est pas de sanctionner pour sanctionner. Le but est de faire changer de comportement la Russie et que la population russe comprenne qu'elle a beaucoup plus à perdre et rien à gagner à poursuivre cette guerre. On voit bien que la mobilisation partielle décrétée par Vladimir Poutine, quand bien même il prétend qu'il n'y a pas de guerre mais juste une opération spéciale, a fait fuir beaucoup de jeunes Russes. Des centaines de milliers ont quitté la Russie depuis quelques jours. On voit bien qu'il y a des interrogations qui s'expriment, même publiquement, en Russie. Il est important que ce message soit clair vis-à-vis du peuple russe. Il y a un moyen que cette guerre s'arrête et que les troupes russes se retirent. S'il y a une défaite de la Russie, il n'y a simplement plus de guerre. S'il devait y avoir une défaite de l'Ukraine, il n'y aurait plus d'Ukraine.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.