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Crise en Ukraine : la Russie et l'Europe liées par une "double dépendance" au gaz

Si "40%" du gaz consommé en Europe "vient de la Russie", pointe un expert en géopolitique de l'énergie, l'Europe est aussi "le principal débouché" de la Russie. Une situation d'interdépendance que vient tester la menace d'invasion russe aux portes de l'Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
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Une arrivée de gaz russe à Obergailbach en Moselle, en France (illustration). (NICOLAS THIERRY / MAXPPP)

La Russie et l'Europe sont-elles interdépendantes ? Patrice Geoffron, professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine, directeur du centre de Géopolitique de l'énergie et des matières premières, a expliqué lundi 31 janvier sur franceinfo que la crise en Ukraine teste "en quelque sorte" la "double dépendance" au gaz de la Russie et de l’Europe. La menace d’une invasion des troupes russes en Ukraine pourrait porter un coup fatal aux importations de gaz russe vers l’Union européenne, d’autant plus que "40% du gaz consommé en Europe vient de Russie", indique-t-il. Mais "il y a une très forte dépendance par ailleurs de la Russie vis-à-vis de l'Europe qui est son principal débouché", souligne-t-il.

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franceinfo : Les Européens ont-ils besoin absolument du gaz russe ?

Patrice Geoffron : Oui, c’est une évidence. 40% du gaz consommé en Europe vient de Russie. Tout cela étant extrêmement hétérogène. Cela va de pays qui dépendent à 100%, dès lors qu'on est plutôt à l'est de l'Europe, mais comparativement la France consomme un gaz qui vient de Russie à moins de 20% et en Espagne on est pratiquement à rien.

L’Europe a-t-elle des stocks de gaz ?

Il y a des stocks. Mais ces stocks se trouvent être à des niveaux qui sont plutôt moins élevés que ce qu'on constate en moyenne sur les cinq années précédentes. Cela fait partie du problème. Et si on devait imaginer des solutions de repli, elles sont à des coûts sans doute plus élevés. Ces solutions de repli pourraient venir par l'intermédiaire du gaz naturel liquéfié qui vient par des bateaux spéciaux. On est dans une architecture technique qui est assez complexe. Cela n'entre pas dans n'importe port. Il y a une partie qui, d'ores et déjà, vient des États-Unis, qui pourrait venir aussi du Qatar. Mais toute la difficulté, c'est non seulement de parvenir à le faire venir en Europe à des coûts qui ne soient pas prohibitifs, mais par ailleurs d'acheminer ce gaz vers les zones de consommation qui pourraient être touchées et donc plutôt à l'est de l'Europe.

Les Européens peuvent-ils décider de ne plus acheter de gaz à la Russie ?

Non, cela paraît difficile de la même manière qu’il y a une très forte dépendance par ailleurs de la Russie vis-à-vis de l'Europe qui est son principal débouché et son meilleur client à tous égards. Donc, il y a une dépendance bilatérale et cette crise est une manière de tester en quelque sorte cette double dépendance.

La Russie ne peut pas dire, "on ne vend plus notre gaz " ?

Cela n'arrivera probablement pas en ces termes en tout cas pas au début du conflit s’il devait y avoir un conflit. En revanche, ce qui pourrait intervenir, c'est que le gazoduc qui traverse l'Ukraine soit interrompu, ce qui conduirait à interrompre ce qui pèse aujourd'hui à peu près un gros quart du gaz russe en Europe. Cela pourrait tendre encore les approvisionnements. Et puis, au-delà, s'il devait y avoir ce type d'interruption de phénomène, un des enjeux, c'est l'ouverture ou non de la nouvelle infrastructure Nord Stream 2 qui est destinée, justement, en passant par la Baltique, à contourner l'intégralité du problème, si l'on peut dire, mais qui deviendrait plus encore un enjeu géopolitique avec une pression américaine pour ne pas l'inaugurer.

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