Entretien entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine : il y a "une illusion française" de croire que les Russes nous écoutent, selon un spécialiste de l'Europe
Selon Christian Lequesne, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes et diplomatiques, la France aurait intérêt à raffermir ses liens avec ses partenaires européens et les Etats-Unis pour faire entendre sa voix face à la Russie.
Alors qu'Emmanuel Macron s'est entretenu vendredi 28 janvier au téléphone avec Vladimir Poutine autour de la crise ukrainienne, il y a "une illusion française" de croire que les Russes nous écoutent davantage, met en garde sur franceinfo Christian Lequesne, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes et diplomatiques.
Une illusion "née de notre héritage gaulliste"
Pour Christian Lequesne, cette illusion est liée à "notre héritage gaulliste (...) cette particularité de ne pas être complètement dans le camp occidental tout en y en étant", qui donnerait l'idée "que les Russes nous écoutent davantage". Le spécialiste des questions européennes évoque l'invitation de Vladimir Poutine à Versailles en mai 2017 par Emmanuel Macron, puis sa déclaration "sur la réinvention de l'architecture de sécurité et de confiance."
Des marques de proximité qui n'ont rien apporté sur les dossiers internationaux pour Christian Lequesne : "En Syrie, le régime russe soutient Bachar plus que jamais et surtout en Afrique, on a une concurrence évidente dans les zones qui étaient traditionnellement des zones d'influence française, avec l'envoi des mercenaires du groupe Wagner, tout d'abord en République centrafricaine et maintenant au Mali."
"Nous devons miser sur la solidarité européenne"
"Je pense que dans la situation actuelle, nous devons d'abord miser sur la solidarité avec avec nos partenaires européens et aussi avec les Etats-Unis", insiste Christian Lequesne, "nous avons intérêt face à Poutine à apparaître comme étant forts du côté de l'Occident (...) C'est le seul moyen de se faire entendre à son égard." D'autant que dans le même temps, "il y a clairement de la part de Moscou la volonté de marginaliser les Européens", précise le spécialiste, alors que les Russes ne veulent traiter qu'avec les États-Unis sur le dossier ukrainien.
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