Guerre en Ukraine : après deux ans de conflit, quelles sont les stratégies militaires des Russes et des Ukrainiens ?

Si la Russie arrive à progresser de quelques kilomètres sur le front cela se fait aux prix d'un coût humain et matériel important. L'Ukraine multiplie les frappes de missiles et de drones sur les installations militaires russes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un soldat ukrainien prépare des obus pour tirer près de Chasiv Yar, dans la région de Donetsk, le 20 juillet 2024. Photo d'illustration. (DOCUMENT PRESS SERVICE OF THE 24TH MECHAN / via AFP)

La guerre en Ukraine ne baisse pas en intensité. L'Ukraine a revendiqué lundi 22 juillet une attaque de drones contre une raffinerie dans le sud-ouest de la Russie, l'armée russe ayant affirmé pour sa part avoir détruit près de 80 drones ukrainiens pendant la nuit et en début de matinée. Les deux parties ont bien sûr adapté leurs armements : les blindés russes sont mieux protégés par des blindages supplémentaires et les missiles ukrainiens frappent dorénavant beaucoup plus loin, mais les tactiques n'ont pas fondamentalement évolué.

Côté russe, des avancées opérées à un coût humain et matériel exorbitant

La Russie compte toujours manifestement sur la masse, le volume de munitions tirées et le nombre d'hommes lancés à l'assaut pour faire la différence. Les offensives menées par l'armée russe depuis le début du mois de mai ont permis quelques avancées sur le terrain, dans la région de Kharkiv ainsi que dans le Donbass ukrainien, mais il n'y a pas de percée. On pourrait presque parler de simple grignotage du terrain, les troupes russes reprenant quelques kilomètres carrés de campagne par ci et quelques hameaux par là. Mais ces avancées ont été opérées à un prix exorbitant.

Pour les mois de mai et juin, les troupes russes auraient perdu en moyenne plus de 1 000 hommes par jour, selon une estimation des agences de renseignement occidentales, soit 30 000 hommes par mois, soit autant que ce que la Russie arrive à mobiliser sur une période équivalente. S'il est difficile de comprendre si ce rythme pourra être tenu sur la durée, le réservoir humain - certes important de la Fédération de Russie - n'est pas non plus infini.

Quant à l'économie de guerre russe, elle commence elle aussi à donner quelques signes d'essoufflement : la plupart des blindés produits en Russie ces derniers mois - notamment les chars lourds - ne sont en fait que des remises à niveau fonctionnelles de matériels anciens, des blindés datant des années 1970 voire des années 1950.

Côté ukrainien, des frappes de missiles et de drones de plus en plus en profondeur

Dans une certaine mesure, l'armée ukrainienne ne dispose pas d'une masse d'hommes équivalente et surtout elle n'entend pas les gaspiller. Mais la tenue - en défense - d'un front de près de 1 200 km n'est pas une mince affaire, car l'armée ukrainienne est constamment forcée de redéployer ses unités du Nord au Sud pour faire face à l'une ou l'autre offensive, comme c'était le cas à Kharkiv ces deux derniers mois.

Mais les Ukrainiens ne se déploient pas qu'en défense : grâce aux armes à longue portées occidentales, mais aussi grâce à leur production nationale toujours plus performante de drones d'attaque. Ils pilonnent systématiquement  les centres de commandements, les aéroports et surtout les batteries de défense anti-aérienne sur le territoire ukrainien occupé, mais aussi en Russie même. Sans doute pour permettre à leur armée de l'air - qui devrait recevoir durant l'été ses premiers avions F16 - d'opérer plus librement près du front, et sans doute au-delà dans la profondeur du dispositif ennemi.

L'armée de Kiev a aussi poursuivi ses tirs précis et meurtriers sur les installations militaires russes en Crimée. Les navires de la flotte russe de la mer Noire sont systématiquement attaqués par les escouades de drones navals kamikazes, qui font des ravages. La semaine dernière, le dernier bâtiment de guerre russe encore présent en Crimée a d'ailleurs dû quitter Sébastopol pour aller se retrancher dans un port russe. La flotte russe de la mer Noire - avec un tiers de ses bâtiments touchés ou coulés - est aujourd'hui quasiment vaincue.

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