Cet article date de plus d'un an.

Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du mardi 6 juin

La destruction d'un barrage à Kakhovka, dont Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité, marque un tournant dans le conflit.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le barrage de Kakhovka (Ukraine), le 6 juin 2023. (HANDOUT / 2023 PLANET LABS PBC / AFP)

Un "crime de guerre" selon Kiev. L'Ukraine a accusé, mardi 6 juin, la Russie d'être à l'origine de la destruction, dans la nuit de lundi à mardi, du barrage de Nova Kakhovka, provoquant l'inondation des rives du Dnipro, le plus grand fleuve d'Ukraine, dans la région de Kherson. Selon Kiev, l'objectif de la Russie est d'entraver la traversée du fleuve par les soldats ukrainiens, pour mener leur contre-offensive. Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de cette destruction, mais la plupart des éléments matériels pointent plutôt en direction de la Russie. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée.

> > Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la destruction d'un barrage près de Kherson et de ses conséquences

Plus de 17 000 personnes à évacuer

De nombreuses localités se sont retrouvées sous les eaux après la destruction du barrage, entraînant l'évacuation de milliers d'habitants. "Plus de 40 000 personnes risquent d'être en zones inondées. Les autorités ukrainiennes évacuent plus de 17 000 personnes. Malheureusement, plus de 25 000 civils se trouvent sur le territoire sous contrôle russe", a annoncé le procureur général ukrainien Andriï Kostine.

Guerre en Ukraine : un barrage ukrainien explose, des milliers de civils menacés

Selon le chef de l'administration militaire de la région de Kherson, Oleksandr Prokoudin, 1 335 maisons étaient inondées, mardi soir, sur la rive droite du fleuve. "A ce stade, 24 localités en Ukraine ont été inondées", a précisé le ministre ukrainien de l'Intérieur, Igor Klymenko.

Les autorités installées par les Russes dans les régions qu'ils occupent ont quant à elles dit avoir commencé l'évacuation de la population de trois localités, mobilisant une cinquantaine de cars. Vladimir Leontiev, le maire mis en place par Moscou à Nova Kakhovka, a annoncé que sa ville était désormais sous les eaux et que 900 de ses habitants avaient été évacués.

Kiev et Moscou se renvoient la balle

Volodymyr Zelensky a attribué la destruction du barrage aux "terroristes russes", accusant Moscou de "crime de guerre". Le président ukrainien a accusé la Russie d'avoir "fait exploser une bombe" sur le barrage, qu'elle avait miné. "Il est physiquement impossible de (le) faire sauter d'une manière ou d'une autre de l'extérieur, avec des bombardements", la version donnée par Moscou, a-t-il ajouté. Car côté russe, le Kremlin dénonce un acte de "sabotage délibéré" de la part de Kiev et rejette "fermement" les accusations ukrainiennes. Le ministère des Affaires étrangères russe a ainsi appelé la communauté internationale à "condamner" Kiev pour la destruction du barrage.

"Le monde doit réagir. La Russie est en guerre contre la vie, contre la nature, contre la civilisation", a martelé Volodymyr Zelensky, qui a toutefois assuré que cela "n'affecterait pas la capacité de l'Ukraine à libérer ses territoires". Car pour Kiev, les Russes ont agi ainsi en vue de "freiner" la contre-offensive de son armée.

"Pas de danger immédiat" à la centrale nucléaire de Zaporijjia

Cette destruction du barrage de Kakhovka a suscité de nouvelles inquiétudes pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, située à 150 km en amont, celui-ci assurant son refroidissement. Il n'y a "pas de danger nucléaire immédiat", a toutefois souligné l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). 

Le directeur de la centrale occupée par l'armée russe, Iouri Tchernitchouk, se veut aussi rassurant : le système de refroidissement peut être alimenté par "plusieurs sources alternatives", assure-t-il sur Telegram. Les six réacteurs du site sont à l'arrêt, "à froid" pour cinq d'entre eux, "à chaud" pour le dernier, a-t-il ajouté. Pour l'AIEA, le bassin de refroidissement "sera suffisant pour alimenter la centrale en eau pendant des mois", sans écarter un risque à plus long terme.

Indignation internationale

A Genève, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU a prévenu que la destruction du barrage pouvait provoquer un désastre environnemental et "avoir un impact sévère sur des centaines de milliers de personnes des deux côtés de la ligne de front". A Washington, un porte-parole de la Maison Blanche a estimé que cette destruction avait "certainement (fait) de nombreux morts", tout en précisant n'avoir "pas de conclusion définitive sur ce qui s'est passé".

Côté européen, "l'UE est prête à fournir l'assistance et l'aide humanitaire nécessaires pour atténuer les conséquences de cette catastrophe provoquée par la Russie", a assuré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, sur Twitter, après une conversation téléphonique avec son homologue européen Josep Borrell.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a affirmé sur Twitter que la Russie avait commis "un crime de guerre". Londres va dans le même sens, le Royaume-Uni évoquant "un acte odieux". Paris, de son côté, a réagi en disant continuer "de dénoncer et de condamner la guerre d'agression illégale menée par la Russie contre l'Ukraine en violation flagrante du droit international et d'appeler au retrait complet, immédiat et inconditionnel des forces armées russes de l'ensemble du territoire ukrainien"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.