Guerre en Ukraine : ce que Kiev peut espérer (ou non) du sommet de l'Otan qui s'ouvre à Washington

Au lendemain d'une attaque massive contre des villes ukrainiennes, Volodymyr Zelensky a réclamé à ses alliés occidentaux une "réponse plus forte" face à la Russie.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, salue le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 29 avril 2024 à Kiev (Ukraine), sur un cliché diffusé par la présidence ukrainienne. (UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)

Le sommet est censé "renforcer davantage encore le soutien de l'Otan à l’Ukraine", affirme l'organisation sur son site. L'Alliance atlantique réunit ses membres pour trois jours, à partir du mardi 9 juillet, à Washington. Au lendemain d'une attaque massive menée par la Russie contre des villes ukrainiennes, qui a fait au moins 38 morts, dont certains dans des hôpitaux, Volodymyr Zelensky a réclamé aux Occidentaux une "réponse plus forte" face à Moscou. La Russie a fait savoir qu'elle allait suivre l'événement avec une "attention maximale".

Le président ukrainien est attendu dans la capitale américaine, où il participera aux cérémonies marquant le 75e anniversaire de l'Alliance atlantique, créée en avril 1949 pour répondre à la menace soviétique. Voici ce qu'il peut (ou non) attendre de ce sommet pour son pays. 

De quoi "renforcer la défense antiaérienne"

Volodymyr Zelensky réclame avec insistance davantage d'armes pour faire face à la Russie, dont l'offensive s'est intensifiée depuis des mois. Kiev réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques.

En avril, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, avait réclamé sept de ces systèmes pour protéger les villes et infrastructures du pays. Seules l'Allemagne et la Roumanie ont pour l'instant répondu à cette demande, s'engageant à fournir chacune un système Patriot. Les Pays-Bas s'efforcent de leur côté de rassembler différentes pièces pour former une batterie complète au bénéfice de l'Ukraine. Les Etats-Unis ont eux laissé entendre qu'ils fourniraient également une autre batterie de Patriot.

Washington est également en discussion avec Israël pour transférer jusqu'à huit systèmes Patriot de son allié à l'Ukraine, selon plusieurs médias américains dont le Financial Times et le Wall Street Journal. Sans fournir de détails, le président américain Joe Biden a promis, lundi, qu'il annoncerait, avec ses alliés de l'Otan, "de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine afin d'aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes".

Une aide de 40 milliards d'euros pour 2025

Sans les pays de l'Otan, qui assurent la quasi-totalité de son soutien militaire, l'Ukraine risque la défaite sur le champ de bataille face à la Russie. Or, si cette aide est continue depuis deux ans, rien ne garantit qu'il en sera toujours ainsi sur le long terme. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait donc proposé aux Etats membres qu'ils s'engagent sur la durée à fournir, au minimum, le même niveau d'aide, soit quelque 40 milliards d'euros par an.

Lors du sommet de Washington, une déclaration est attendue. Mais elle devrait être en deçà des espoirs de Jens Stoltenberg, qui espérait voir scellé un engagement "aussi longtemps que nécessaire". L'Ukraine ne recevra plus probablement qu'une garantie pour 2025. "Je m'attends à ce que les alliés décident lors du sommet de maintenir ce niveau d'aide l'année prochaine", a déclaré le patron de l'Otan vendredi. Pour les années suivantes, l'incertitude règne : le prochain rassemblement de l'Alliance, prévu en juin 2025 à La Haye (Pays-Bas), se tiendra en effet après l'élection présidentielle américaine de novembre. Et celle-ci pourrait être remportée par Donald Trump, qui entretient le flou sur la continuité du soutien américain à l'Ukraine, et même sur le rôle des Etats-Unis dans l'Otan.

Une nouvelle coordination des livraisons d'armes et de la formation militaire

Autre annonce attendue : la mise en place d'un centre de commandement de l'Otan à Wiesbaden, en Allemagne, chargé de coordonner "les livraisons d’armes et les activités de formation destinées aux forces armées ukrainiennes", expliquait la diplomatie allemande en juin. La base militaire locale "accueille d’ores et déjà les forces armées américaines en Europe, qui assurent jusqu’à présent les tâches de coordination", détaille le communiqué allemand.

Un plan approuvé par les ministres de la Défense des pays de l'Alliance mi-juin doit permettre à l'Otan de récupérer la tâche "de piloter la coordination du programme de formation et d'assistance à la sécurité", détaille le site de l'organisation. Sur place, les pays membres faciliteront aussi "la logistique pour les matériels et [apporteront leur] concours au développement à long terme des forces armées ukrainiennes", peut-on encore lire.

Des avancées limitées sur son entrée dans l'Alliance

Kiev souhaite également que sa candidature pour rejoindre l'Alliance atlantique avance à Washington, après les frustrations générées par le manque de progrès sur ce point l'an dernier, lors du sommet de Vilnius. L'Ukraine souhaite recevoir une invitation formelle à rejoindre l'Otan, mais plusieurs pays, comme les Etats-Unis et l'Allemagne, s'y opposent. La France et les pays d'Europe de l'est y sont eux plus favorables, rappelle la BBC. 

Le secrétaire général de l'Otan a assuré de son côté que l'ensemble des mesures en faveur de l'Ukraine, annoncées lors du sommet de Washington, sont autant d'éléments favorisant son entrée dans l'Alliance. Il s'agit d'un "effort très sérieux pour mettre l'Ukraine dans une position dans laquelle elle sera prête à assumer son rôle et ses responsabilités au sein de l'Alliance dès le premier jour" de son adhésion, a encore assuré un responsable américain à l'AFP.

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