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Témoignages Guerre en Ukraine : ces familles russes fracturées par la propagande du Kremlin

La guerre en Ukraine creuse un fossé toujours plus profond au sein de la société russe entre ceux qui sont abreuvés par le discours officiel et les autres qui s’informent autrement et dénoncent l'"opération spéciale".

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
VRAI OU FAKE : les ambassades russes justifient la guerre   (MIKHAIL KLIMENTYEV / SPUTNIK)

Mariana a quitté l'appartement qu'elle partage avec sa grand-mère à Moscou. Elle ne supportait plus de l'entendre répéter que les "Russes sont allés sauver l'Ukraine".

"Ma grand-mère croit la propagande du gouvernement. Notre pays est celui qui a vaincu les nazis. Mon arrière-grand-père est revenu de la guerre bardé de médailles. Cette génération ne peut pas imaginer que notre pays soit l'agresseur." lâche-t-elle, décrivant un immense déni de la société russe.

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Elena, elle, a vu sa famille se fracturer. Elle accepte de nous rencontrer, le visage caché par un masque qui étouffe aussi sa voix. Elle décrit sa famille et la fracture générationnelle qui s'impose de plus en plus, au fil de l'offensive russe en Ukraine.

"Mon grand-père pense que nous avons raison d'intervenir. Ma grand-mère pense que ce sont des nazis, mais que la guerre est horrible et les sanctions économiques aussi. Ma mère pense que oui, on détruit le pays et qu'il est grand temps de se cacher sous la table et de la fermer. Mon père est dissident."

"Ils ne se parlent plus et ne me parlent plus non plus. C'est douloureux, d'autant que nous avons de la famille en Ukraine."

Elena,

à franceinfo

Dialogue de sourds

Des millions de Russes ont des parents ou des amis en Ukraine. Mais même ceux qui écrivent depuis l'Ukraine à leurs proches de Russie ne parviennent pas toujours à les convaincre. Maria a lu les échanges entre une partie de sa famille de Saint-Pétersbourg et l'autre, qui habitait Kharkiv et s'est réfugiée à Lviv. "Ceux de Saint-Pétersbourg, ont écrit dans le chat familial : 'Pourquoi fuyez-vous ? Les Russes vont vous libérer'. Et ceux de Kharkiv ont répondu : 'Nous libérer de quoi ? De la vie ?'. Et puis leur appartement a été bombardé. Alors ceux de Saint-Pétersbourg ont écrit : 'C'est la faute de l'OTAN et des nazis ukrainiens. L'OTAN a forcé Poutine à faire cela'. Voilà, c'est leur logique...", conclut-elle.

Une partie de la société russe semble ainsi vivre dans une réalité parallèle façonnée par Vladimir Poutine, incapable même de communiquer avec elle-même.

La guerre en Ukraine au coeur des conversations de familles en Russie. Le reportage de Marie-Pierre Vérot

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