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Guerre en Ukraine : "Ils enlèvent les drapeaux ukrainiens et ils les piétinent", témoignent des habitants des villes occupées par les forces russes

Article rédigé par Etienne Monin, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 28 mars 2022, à Kiev, Marina nous raconte la vie à Svatove, ville du nord-est de l'Ukraine où sont restés ses parents, face à l'avancée des soldats russes. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

En Ukraine, l’occupation des villes par les Russes se fait à marche forcée. Dans certains secteurs, l’administration a déjà été remplacée et l’identité ukrainienne semble menacée.

Dans l'appartement de Marina, à Kiev, on mesure l'angoisse que provoque cette guerre, un peu plus d'un mois après le déclenchement de l'offensive russe sur l'Ukraine. Cette jeune éditrice dort dans son couloir : elle a mis du scotch sur toutes ses vitres pour les protéger des explosions. Elle est maintenant coupée de ses parents, qui se trouve en zone occupée.

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"Mes parents sont sortis manifester trois fois avec d'autres habitants. Les deux premières fois, ils ont pu écarter la menace qui venait des pro-Russes. Mais la troisième fois, ce sont des Russes en armes qui sont venus. Ils ont dit : 'On ne vous écoutera plus, nous sommes ici et c'est comme ça !", raconte la jeune femme sur franceinfo.

Le père et la mère de Marina vivent à Svatove, à côté du Donbass. D'après son récit, les Russes ont pris la ville il y a quinze jours.

Marina, qui tient son téléphone, raconte aussi comment l'administration a déjà changé de mains dans les affaires politiques : "Ils ont pris le contrôle de la police, des bureaux de l'armée, du bureau du procureur... Tous les bâtiments officiels sont occupés. Ils enlèvent les drapeaux ukrainiens et ils les piétinent."

"Ça fait longtemps qu'on n'a pas essayé de sortir"

Dans leur maison; avec dix chats, deux chiens, la mère de Marina est maintenant témoin de l'occupation russe, qu'elle raconte à sa fille grâce à Internet, qui n'a pas été coupé. "Ils ne contrôlent pas les gens dans la rue. Ils ne m'ont pas arrêté, mais j'ai vu qu'ils avaient arrêté quelqu'un dans une voiture. Ça fait longtemps qu'on n'a pas essayé de sortir, pour être discret parce qu'ils recherchent des patriotes.", indique-t-elle au téléphone. 

Depuis Kiev, le 28 mars 2022, Marina ne communique avec ses parents que part l'intermédiaire d'internet. Les communications par téléphone sont coupées à Svatove, une ville ukrainienne occupée par les Russes. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Il y a toujours de la viande et du pain pour manger dans cette petite ville de l'est de l'Ukraine, un mois après le début de l'offensive russe. Mais sa mère, Galina, bibliothécaire de profession, explique que la seule télé qui passe maintenant, c'est celle de Moscou. Elle s'inquiète des Russes qui menacent l'histoire et l'identité ukrainienne : "J'ai peur que tous les livres sur l'histoire ukrainienne, sur la résistance nationale, les livres de poésie, soient détruits. Il faut les cacher quelque part. On a caché tous les drapeaux ukrainiens. Je ne me vois pas travailler avec ce gouvernement."

A Svatove, l'occupation pilotée depuis le Kremlin se fait au pas de charge : la plaque du bureau du ministère ukrainien de l'Intérieur sur place a déjà été changée. Elle est maintenant en russe.

Guerre en Ukraine : l'inquiétude des Ukrainiens de voir leur culture disparaître. Le reportage de Gilles Gallinaro et Etienne Monin

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