Guerre en Ukraine : "La crainte de la Moldavie, c'est une déstabilisation en Transnistrie, région séparatiste soutenue par Moscou", explique un spécialiste
Vincent Henry, spécialiste de la Moldavie et chercheur au laboratoire LIPHA à l’université Paris Est Créteil, estime que la Transnistrie existe surtout comme "outil de pression sur la politique moldave."
Après un déplacement en Roumanie mercredi 15 juin au matin, Emmanuel Macron s'est rendu en Moldavie dans l' après-midi. Sur place le président de la République a plaidé pour que les pays de l'Union européenne envoient un "signal positif et clair" à la demande d'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne, pays voisin de l'Ukraine, où le sentiment d'une menace russe grandit à mesure que le conflit avance.
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"La crainte principale", explique sur franceinfo Vincent Henry, spécialiste de la Moldavie et chercheur au laboratoire LIPHA à l’université Paris Est Créteil, "c'est une déstabilisation en Transnistrie, région séparatiste soutenue par Moscou".
Est-ce que ce petit pays est une cible potentielle de l'offensive russe ?
C'est la question que l'on se pose depuis le début du conflit. La Moldavie n'est pas directement menacée par les opérations militaires russes. Malgré tout, cette crainte existe pour des raisons historiques et politiques évidentes. La Moldavie n'est pas dans la même situation que les pays baltes : elle n'est pas membre de l'Union européenne, pas membre de l'Otan, et même dans une neutralité forcée par le conflit avec la Transnistrie au début des années 90. C'est d'ailleurs la crainte principale, une possible déstabilisation de cette région séparatiste, soutenue par Moscou et où la Russie maintient des troupes et un important dépôt d'armement.
Quelle est le statut de la Transnistrie et sa relation avec la Russie ?
Elle est dans une forme d'ambiguïté juridique. Officiellement, laTransnistrie relève de la Moldavie, car elle n'est reconnue par personne, pas même par Moscou. Même si elle a déclaré son indépendance, elle n'existe donc que comme outil de pression sur la politique moldave. Mais on y trouve des forces russes, environ 1 500 hommes. Quant aux forces locales, aujourd'hui elles ne se positionnent pas et ça c'est un point assez rassurant.
"Les autorités de Transnistrie ne veulent visiblement pas être impliquées dans un conflit où elles auraient tout à perdre. La principale vulnérabilité aujourd'hui de la Moldavie elle est économique et sociale. C'est un pays qui est entièrement dépendant de l'énergie russe, gaz et électricité."
Vincent Henryà franceinfo
Dans quelle mesure la Moldavie souffre-t-elle déjà économiquement de ce conflit ?
La frontière moldave étant à 60 kilomètres du port d'Odessa en Ukraine, et son accès à ce port maritime de la mer Noire est déjà bloqué, tout comme ses échanges commerciaux avec la Russie et l'Ukraine. Plus d'import ni d'export ne sont possibles par voie maritime. Et l'effet de cette perturbation de ces échanges commerciaux est déjà très visible puisque l'inflation a grimpé de près de 30%. D'où le besoin des autorités moldaves d'offrir à la population une perspective européenne claire. C'est tout l'enjeu de la visite d'Emmanuel Macron.
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