Guerre en Ukraine : le discours annuel de Vladimir Poutine est "extrêmement inquiétant", selon le géopoliticien Cyrille Bret

"Le président russe a bien rappelé que pour lui, l'est de l'Ukraine était russe".
Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine, lors de sa conférence de presse du 14 décembre 2023. (GAVRIIL GRIGOROV / POOL / AFP)

Lors de sa conférence de presse annuelle organisée à Moscou jeudi 14 décembre, le président russe Vladimir Poutine a délivré un message sur sa politique extérieure "extrêmement inquiétant", analyse sur franceinfo le géopoliticien Cyrille Bret. 

franceinfo : Le message délivré par le président russe, candidat à sa réélection en mars 2024 est assez clair : "Je suis le patron en Russie, j'ai tout mon temps, je vais me faire réélire" ?

Cyrille Bret : Exactement, le message de politique intérieure, c'est : 'Je suis aux commandes pour longtemps'. Le message politique extérieur a été extrêmement inquiétant. Le président russe a bien rappelé que pour lui, l'est de l'Ukraine était russe et qu'Odessa, qui est encore en territoire souverain ukrainien, était une ville russe et que ça ne souffrait pas de disputes. Donc ça donne un cadre sur le temps long dans lequel s'inscrit le président russe. D'une part, il ne renoncera pas à ses annexions illégales dans l'est du pays et d'autre part, il concentrera ses efforts sur Odessa pour couper toute façade maritime à l'Ukraine et en faire un État enclavé, voire un État croupion.

D'ailleurs, Vladimir Poutine a dit qu'en mars prochain, on voterait dans les territoires de l'est de l'Ukraine.

C'est tout à fait exact et le message de la normalisation est en train de passer : l'événement Evguéni Prigojine n'a pas eu lieu, le revers militaire n'a pas eu lieu, les sanctions n'ont aucun impact. On fait voter les nouveaux citoyens russes que sont les Ukrainiens illégalement rattachés à la Russie.

'C'est une démonstration de force, au moins dans les discours et dans l'attitude générale."

Cyrille Bret, géopoliticien

à franceinfo

Il y a aussi le conflit au Moyen-Orient qui rend plus simple le discours de Vladimir Poutine ?

Oui, depuis le 7 octobre, les combats en Ukraine sont passés au second plan des efforts diplomatiques des Occidentaux qui étaient auparavant obsédés par la question ukrainienne. Par un principe de vases communicants, tous les efforts que ne déploient pas les Occidentaux en Ukraine sont déployés vers Israël et inversement.

Et puis on peut avoir besoin de la Russie au Proche-Orient aussi...

Exactement. Regardez les déclarations faites par le président russe. Il propose de déployer un hôpital de campagne à Gaza, voire n'est pas loin de proposer une médiation entre ces deux grands alliés de la région, l'Égypte et Israël. Mais ça, on en est coutumier. C'est une posture : la Russie se propose comme médiateur alors même qu'elle est partie à la crise.

Ce deuxième hiver pour l'Ukraine est un moment de vérité ?

Pour l'Ukraine, en tout cas, c'est un moment faible. Un moment qui succède à une série de difficultés avec des atermoiements dans le soutien européen, un relatif échec de la contre-offensive de cet été. Du côté russe, c'est un temps moins faible ou presque fort, avec la capacité du président russe de faire comme si tout allait bien dans son pays.

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