Guerre en Ukraine : le secrétaire général adjoint de l'Otan dénonce "la rhétorique nucléaire malvenue" de Vladimir Poutine

"L'usage de cette rhétorique nucléaire est vraiment malvenue mais ne doit pas nous faire perdre notre sang-froid pour autant", a réagi Camille Grand, secrétaire général adjoint de l'Otan, lundi 28 février sur franceinfo, alors que Vladimir Poutine a brandi dimanche la menace nucléaire, au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Le président russe a déclaré avoir ordonné de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat", déclenchant les plus vives protestations occidentales. Il a justifié sa décision par des déclarations selon lui agressives de grands pays membres de l'Otan et par les sanctions financières sévères que les Occidentaux ont décidé d'imposer à la Russie.

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franceinfo : Que pensez-vous de cette menace ?

Camille Grand : Il faut toujours prendre au sérieux les menaces nucléaires dans la mesure où la mise en jeu de la dissuasion nucléaire, dans une crise comme celle-là, relève d'une rhétorique plutôt dangereuse et irresponsable. Ce n'est pas complètement surprenant de la part de Vladimir Poutine qui a toujours utilisé la grammaire nucléaire dans sa gestion des affaires internationales. Je crois que dans une situation particulièrement tendue, l'usage de cette rhétorique nucléaire est vraiment malvenu et ne doit pas nous faire perdre notre sang-froid pour autant.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France vont-ils prendre des mesures particulières pour répondre à Vladimir Poutine ?

Il faut rester sobre dans les réponses à ce type de discours.

L'Europe va envoyer des armes en Ukraine. L'Otan va-t-elle jouer un rôle ?

Les Ukrainiens ont fait passer aux alliés de l'Otan un certain nombre de demandes qui sont examinées par chacun de ces pays qui répondent avec beaucoup de résolution. Beaucoup d'alliés de l'Otan ont commencé à acheminer vers la frontière ukrainienne des moyens pour aider à l'accueil des réfugiés, mais aussi des moyens militaires défensifs destinés à permettre aux forces ukrainiennes de tenir face à un ennemi qui est nettement supérieur militairement. Le rôle de l'Otan est de coordonner les demandes qui peuvent parvenir mais ce n'est pas son rôle d'assurer la logistique.

L'Otan est-elle en guerre ?

Non, l'Otan n'est pas en guerre, elle a cherché à éviter la crise en offrant à la Russie un dialogue. Elle est aux côtés de l'Ukraine. L'Otan doit aussi chercher à assurer la sécurité des alliés et c'est ce qui se passe en ce moment.

Si la Russie attaquait un membre de l'Otan, quelle serait la réponse ?

Elle serait automatique, les alliés de l'Otan sont couverts par ce qu'on appelle l'article 5 du traité de Washington qui est une clause de sécurité collective. C'est "un pour tous, tous pour un" si un allié de l'Otan est attaqué.

Vladimir Poutine estime que l'Otan menace la Russie. Qu'en pensez-vous ?

Tous les élargissements de l'Otan se sont faits dans un contexte de choix démocratiques et légitimes des pays. Ces élargissements se sont faits dans un contexte où, jusqu'à une date très récente, la Russie était un partenaire de l'Otan, jusqu'à l'annexion illégale de la Crimée en 2014.