Guerre en Ukraine : les armes d'artillerie occidentales "de longue portée" aideraient-elles vraiment le pays à l'emporter ?
Sievierodonetsk est actuellement sous le feu nourri des forces russes, et les demandes des autorités ukrainiennes aux Occidentaux se font de plus en plus pressantes. Ils réclament de l'artillerie "longue portée" pour reprendre la ville industrielle de la région de Louhansk, mais cet objectif semble plus qu'ambitieux.
Le sort du Donbass est-il lié au destin de Sievierodonetsk ? Actuellement, la Russie y a repris du terrain, et les soldats ukrainiens y livrent l'une des "batailles les plus difficiles" depuis le début de la guerre pour résister aux forces russes qui contrôlent désormais une grande partie de la ville, selon le président Volodymyr Zelensky.
L'Ukraine a besoin d'une victoire sur la Russie "sur le champ de bataille" avant toute négociation de paix, a déclaré mardi 7 juin le président ukrainien Volodymyr Zelensky au quotidien britannique Financial Times. "Pour l'instant, nous ne pouvons pas avancer de façon puissante" sans subir de lourdes pertes, a-t-il souligné en appelant les alliés occidentaux de l'Ukraine à fournir plus d'armes à son pays.
Le gouvernement ne cesse de lancer des appels aux Occidentaux. Sergueiï Gaïdaï, gouverneur de cette région de l'est de l'Ukraine, affirmait, le 9 juin, que l'Ukraine pourrait reprendre la ville-clé de Sievierodonetsk "en deux, trois jours", dès qu'elle disposera d'armes d'artillerie occidentales "de longue portée".
Des armes de longue portée, pour avoir un coup d'avance ?
Dans une bataille, l'intérêt premier de ces canons est la mise à l'abri de ceux qui les utilisent. La portée est si grande qu'ils sont hors d'atteinte des adversaires. C'est pourquoi le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre et auteur de l'ouvrage de stratégie Viser le sommet, doute de la sincérité de la demande ukrainienne. Il y voit surtout un prétexte pour avoir un coup d'avance. "Ils jouent probablement de l'importance de cette bataille pour faire accélérer la livraison d'armements qui seront surtout utiles pour repousser les Russes vers l'est, estime-t-il. On ne reprend pas véritablement une ville avec l'artillerie."
"Sauf à ce que les Ukrainiens décident eux-mêmes de raser leur propre ville, la reprise de Sievierodonetsk sera d'abord un combat d'infanterie."
Général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerreà franceinfo
Un combat quasiment au corps-à-corps précise le général Desportes. Il voit aussi une explication aux retards de livraisons de lance-roquettes par les Américains et les Britanniques. Washington et Londres redoutent qu'ils servent à frapper directement sur le sol russe, impliquant ainsi, un peu plus, les Occidentaux.
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