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Guerre en Ukraine : les frappes russes sur le réseau électrique "ne briseront jamais les Ukrainiens", déclare le maire de Jytomyr

Les transports publics électriques sont à l'arrêt, afin de faire des économies, tout comme l'éclairage public et les panneaux lumineux. "La guerre se gagnera sur le champ de bataille", réagit l'élu interrogé par franceinfo.

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le maire de Jytomyr, Serhiy Soukhomline, lors d'un entretien en visioconférence avec franceinfo, le 19 octobre 2022. (FRANCEINFO)

La Russie mène une offensive à grande échelle sur les installations électriques ukrainiennes, avec l'objectif de déstabiliser le réseau national ukrainien. Cette stratégie, engagée il y a dix jours à grands renforts de frappe, entraîne des dysfonctionnements dans de nombreuses villes, comme à Jytomyr, située à 150 kilomètres à l'ouest de Kiev. Franceinfo a interrogé son maire, Serhiy Soukhomline.

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Franceinfo : Quelle est la situation dans votre ville ?

Serhiy Soukhomline : Une première infrastructure a été touchée par un missile, la semaine dernière. Depuis, nous avons des problèmes avec l'approvisionnement électrique. Lundi, de nouveau, une unité d'approvisionnement en électricité a été frappée par un missile et la ville a été privée de courant toute la journée. Les hôpitaux et les institutions médicales ont pu fonctionner grâce à des systèmes d'alimentation de secours. Peu à peu, nous avons réussi à reconnecter les fournisseurs d'eau et de chauffage, car il n'y avait plus rien. Il a fallu attendre hier soir pour raccorder le dernier quartier de la ville.

Qu'avez-vous mis en place pour préserver votre réseau électrique ?

Nous avons décidé d'éteindre tous les affichages lumineux et lampadaires dans la ville, et nous avons également réduit les transports électriques publics. C'est aussi une manière d'aider Kiev, et de maintenir un équilibre sur le réseau. Les transports électriques, comme les tramways et les trolleybus, ne sont plus opérationnels dans la ville. Nous avons dû mobiliser des bus de substitution, qui fonctionnent au pétrole. Mais nous n'en avons pas assez pour couvrir tout le territoire de la ville.

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Les grandes entreprises sont également à l'arrêt, car les opérations de réparation sont toujours en cours. Cela concerne notamment les biens et les services, et vous savez combien cela peut avoir des conséquences pour la population. A la fin de la journée (mercredi), nous espérons avoir suffisamment d'électricité pour que tout fonctionne de nouveau à Jytomyr.

Comment réagit la population ?

Cela ne suffira pas à briser le moral des Ukrainiens. Les gens sont prêts pour ça. Vous savez, la situation est plus difficile pour nos soldats qui défendent notre pays, sur la ligne de front. Ici, nous essayons simplement de faire de notre mieux, en composant avec tous ces dysfonctionnements et ces coupures.

L'hiver arrive. Comment vous y préparez-vous ?

La saison du chauffage débute demain (jeudi) dans notre ville. Mais pour lancer les centrales de production de chaleur, nous avons besoin d'électricité. C'est donc un challenge pour toute la ville. Il y a deux heures, par exemple, des missiles ont encore frappé une centrale thermique dans une région voisine.

"Nous savons que ces bombardements vont se poursuivre de la sorte, car les Russes veulent supprimer le système électrique de toute l'Ukraine."

Serhiy Soukhomline, maire de Jytomyr

à franceinfo

Nous travaillons sur un programme permettant de venir en aide aux fournisseurs de chauffage et d'eau avec des générateurs de réserve. Selon nos calculs, nous avons besoin de 50 unités, d'une puissance de 100 kW à 1 MW, afin de maintenir la stabilité de la distribution en chauffage et en eau. Ils devraient permettre de garantir cette alimentation pendant quatre à six heures par jour, assez pour éviter le gel du système entier et, peut-être, de constituer des petits stocks d'eau dans les immeubles.

La stratégie russe va-t-elle faire basculer la guerre ?

Vladimir Poutine utilise les civils comme des otages, comme un instrument de la guerre. Il veut peut-être briser l'esprit des Ukrainiens pour les forcer à négocier, ou montrer à son opinion ce qu'il est capable de faire. Ou peut-être veut-il également entraîner l'Europe à faire pression sur Kiev. En réalité, frapper les infrastructures énergétiques ne mènera à rien. La guerre se gagnera sur le champ de bataille.

Comment réagissez-vous quand vous voyez ces rues privées de courant ?

Dans l'obscurité, vous pouvez vraiment ressentir l'âme intacte de cette cité. Mais bien sûr, ce sont des sentiments complexes. Avant la guerre, Jytomyr comptait 260 000 habitants et nous ne savons pas combien il en reste désormais. Jytomyr était une ville de l'apprentissage, avec trois universités, et du divertissement, avec ses concerts. Je ne dirais pas que la ville est en sommeil, mais elle est un peu engourdie, dans l'attente. J'aimerais quand même ajouter quelque chose : le jour où la ville a été complètement privée de courant, seize enfants sont nés dans notre maternité.

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