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Guerre en Ukraine : Moscou a organisé des déplacements forcés de civils ukrainiens vers la Russie, dénonce Human Rights Watch

"Le transfert de force de civils est interdit au regard du droit international humanitaire ou des lois de la guerre", rappelle l'ONG dans un rapport étayé par des dizaines de récits de personnes ayant fui les combats.

Article rédigé par franceinfo
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Des civils évacués de Marioupol (Ukraine), le 6 mai 2022. (LEON KLEIN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Des témoignages accablants. Dans un rapport (en anglais) publié jeudi 1er septembre, Human Rights Watch accuse les forces russes et leurs alliés séparatistes de la région de Donetsk de s'être rendus coupables de déplacements forcés de civils, depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, le 24 février. L'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'Homme porte ces accusations après avoir recueilli la parole de dizaines de personnes ayant fui les combats dans les secteurs de Marioupol ou de Kharkiv, dans le sud et l'est de l'Ukraine, envahis par les troupes russes et leurs soutiens séparatistes.

L'ONG rappelle que ces transferts forcés de civils sont "une violation grave des lois de la guerre constituant un crime de guerre et un crime potentiel contre l'humanité"Ces personnes ont été déplacées de force vers des zones de l'Ukraine occupées par la Russie ou vers le territoire russe lui-même, rapporte l'organisation. "Bon nombre des personnes transférées de force fuyaient la ville portuaire assiégée de Marioupol."

"Filtrage" et "collecte de données"

Le rapport documente également le processus de "filtrage" ou de contrôle de sécurité pour rassembler de "grandes quantités de données personnelles", "y compris des données biométriques" comme les empreintes digitales et des photos, de face et de profil. Des fouilles au corps et des interrogatoires sur les opinions politiques des Ukrainiens déplacés sont également pointés du doigt. L'ONG rapporte enfin l'internement de certains civils "lorsqu'ils attendaient de subir cette procédure". "Il s'agit d'un exercice de collecte de données illégal et massif, effectué hors du territoire russe par les forces russes et affiliées, visant des non-Russes, sans le moindre fondement juridique", affirme le rapport.

"Les responsables russes et affiliés à la Russie (...) ont dit à certains civils qu'ils n'avaient d'autre choix que de rester dans les zones occupées par la Russie ou de se rendre en Russie et qu'ils devaient 'oublier' d'aller sur le territoire sous contrôle ukrainien", souligne le rapport. "Pendant leur séjour en Russie, certaines personnes interrogées ont subi des pressions pour signer, et ont vu d'autres personnes signer, des documents indiquant qu'elles avaient été témoins de crimes de guerre commis par les forces ukrainiennes", poursuit l'ONG.

La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a affirmé fin juin que 1,2 million d'Ukrainiens avaient été emmenés de force en Russie. Human Rights Watch n'avance pour sa part aucun chiffre. "Le nombre total de civils ukrainiens transférés vers la Russie, volontairement ou involontairement, reste incertain", prévient HRW. Human Rights Watch recommande à l'Ukraine de ratifier le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale déjà signé par Kiev en 2000, pour que les auteurs de violations des lois de la guerre "fassent l'objet d'une enquête et soient amenés à en répondre devant la justice".

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