: Reportage Guerre en Ukraine : "On a le sentiment d'être utiles", confient des électriciens qui réparent les infrastructures bombardées par les Russes
Alors que les bombardements sur plusieurs centrales électriques, en Ukraine, laissent planer le risque d’un hiver sans chauffage et dans le noir, dans la région de Kiev, sur l’un des sites frappés, les réparateurs s’affairent, inlassablement.
L’énorme camion-grue progresse, minutieusement, autour de ce cratère, planté au milieu d’un des sites de production d’électricité bombardés par l’armée russe : deux mètres, de profondeur, sans doute trois de diamètre. Les forces russes poursuivent en effet leurs frappes massives contre les infrastructures ukrainiennes, faisant craindre un effondrement du réseau énergétique. Aussi, lundi dernier, à 8 heures du matin, un missile est tombé au milieu des pylônes, dans cette importante sous-station électrique de la région de Kiev.
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Casque orange sur la tête, Oleksandr refait le film, encore un peu abasourdi. "Ce matin-là, dit-il, seul le vigile était présent sur place. Le blast, m’a jeté au sol, mais je n’ai pas été blessé." Il ne reste rien, en revanche, de ce bloc de béton, désintégré, ni des armatures, complètement mises à nu. Ni des câbles, sectionnés. Résultat : 300 000 habitants de la région, ont été privés d’électricité.
"C'est assez désespérant..."
Oleksandr soupire : "C’est assez désespérant, il y a de quoi être perdu ! Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre, face à ce voisin russe, qui nous agresse… ?" Mais pas le temps de baisser les bras : son entreprise, Dtek, qui est le premier producteur et fournisseur privé d’électricité en Ukraine, a fait travailler ses équipes 24h/24h, les premiers jours
"Sur le chantier en pleine nuit, des habitants du coin sont venus nous apporter à manger, nous ont offert du thé, pour nous encourager ; c’était vraiment touchant !"
Oleksandrà franceinfo
Une partie du courant a pu être rebranchée rapidement… mais il reste tant à faire. Alors, Oleksandr et ses équipes poursuivent l’effort : et travaillent encore, longtemps après la tombée de la nuit, sur ce grand site en extérieur.
"On se sent vraiment utiles, quand on permet aux gens de retrouver de l’électricité…", sourit-il. Mais combien de temps encore l’Ukraine pourra-t-elle ainsi faire face aux frappes de l’armée russe ? Le patron de Dtek, Maksym Timchenko évoque un vrai risque de pénurie en équipements détruits : transformateurs, disjoncteurs, isolants électriques, câble… Et il lance pour cela, un appel à l’Europe : "Que nos alliés, dit-il, nous fournissent d’urgence ce matériel !" C’est une guerre de l’énergie, qui a débuté. Et elle n’est pas prête de s’arrêter.
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