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Guerre en Ukraine : parce qu'il n'y a "pas d'avenir sans passé", des Ukrainiens prennent des cours pour mieux comprendre leur histoire "et pas le récit russe"

De plus en plus d'Ukrainiens souhaitent étudier de plus près l’histoire de leur pays. Ainsi, les cours proposés au Musée national d’histoire de l’Ukraine font le plein chaque week-end.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Iryna donne un cours sur l'histoire de l'Ukraine au Musée d'histoire nationale de Kiev, en décembre 2022. (Agathe Mahuet / Radio France)

La classe a lieu au sous-sol du musée. C'est devenu très banal, alerte aérienne oblige. Une douzaine d’étudiants assistent au cours ce jour-là, essentiellement des femmes, dont Natalya. Cette quinquagénaire est déterminée à se débarrasser d’une vision soviétique de l’histoire. "C’est en Ukraine que nous vivons. Donc c’est l’histoire d’Ukraine qui nous intéresse et non pas le 'récit russe' !"

Iryna dispense un cours sur l'histoire de l'Ukraine au Musée nationale d'histoire à Kiev, en décembre 2022. (Agathe Mahuet / Radio France)

Iryna, la professeure, raconte que l’intérêt pour son cours a commencé dès 2014. À ce moment-là, dit-elle, beaucoup de gens ont voulu comprendre ce qui s’était passé dans le Donbass, quelle était l’histoire de la Crimée. Puis l’invasion russe en février 2022 a relancé les inscriptions. "Les gens ont eu, à nouveau, beaucoup de questions : 'Qui sommes-nous ? D’où vient-on, nous, les Ukrainiens ?' Ce concept russe de 'fraternité' entre nos deux peuples, 'ça date de quand ? Est-ce qu’on est vraiment frères ?'", détaille-t-elle. "Ce sont vraiment des sujets actuels."

Des Ukrainiens assistent à un cours sur l'histoire de leur pays, en décembre 2022. Il est proposé par le Musée national d’histoire à Kiev. (Agathe Mahuet / Radio France)

Car les programmes scolaires n’ont pas toujours su fournir de réponses aux Ukrainiens, note Tetiana, l’une des élèves. "J’ai 34 ans, j’ai appris l’histoire à l’école, mais maintenant je comprends que je ne connais pas beaucoup de choses, je suis perdue maintenant. Les Russes disent qu’on a la même culture, qu'on parle la même langue, mais ce n'est pas la même langue, ce n'est pas la fraternité. Ils nous disent que nous sommes des peuples frères mais ce n'est pas vrai".

Les faits historiques "étaient systématiquement tournés en faveur des Russes"

Andryi, qui est anesthésiste, explique que l’enseignement soviétique, à son époque, a toujours "déformé l’histoire". Alors il est grand temps de décortiquer les relations entre Kiev et Moscou, ajoute Lylia. "J’ai enfin compris que notre affrontement avec la Russie remontait à la Rus' de Kiev, au Moyen-âge. Donc ça permet vraiment de mieux saisir les liens de cause à effet entre les évènements", explique la jeune femme de 26 ans avant d'ajouter : "Il n’y a pas d’avenir sans passé." Tetiana abonde : "Sans nos racines, ce n'est pas possible de construire le futur que nous voulons, pas possible d’éviter les erreurs". Un avenir sans liens avec la Russie, voilà ce que souhaitent tous ces étudiants du Musée d’histoire nationale d'Ukraine.

Les Ukrainiens ressentent le besoin de mieux connaître l'histoire de leur pays : reportage à Kiev d'Agathe Mahuet

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