Guerre en Ukraine : pourquoi la mission de l'AIEA à la centrale de Zaporijjia va être semée d'embûches
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont échangé, ce vendredi 19 août, au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine, au coeur des préoccupations internationales. Une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique va enfin pouvoir s'y rendre, mais les conditions d'accès restent périlleuses.
Cela faisait presque trois mois que le canal était coupé entre Paris et Moscou. Ce vendredi 19 août, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont échangé au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine. Le Kremlin comme l'Elysée confirment que les deux présidents sont bien tombés d'accord pour permettre d'envoyer sur place, dans les meilleurs délais, une mission d'experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et des Nations unies.
Vladimir Poutine a ainsi accepté que cette mission vers la centrale nucléaire sous contrôle russe dans le sud de l'Ukraine, passe par l'Ukraine et non la Russie, a annoncé l'Elysée à l'issue d'un entretien téléphonique d'Emmanuel Macron avec le président russe. Le président Poutine a indiqué, lors de cet entretien, qu'ils acceptait de "revoir l'exigence" qu'elle passe par la Russie, a indiqué la présidence française. Il n'en demeure pas moins que l'opération est placé à haut risque.
En premier lieu, évidemment, il faut que la sécurité de cette mission d'inspection soit garantie. Il faudra donc un cessez-le-feu sur la zone. Or, ce vendredi 19 août encore, la ville ukrainienne de Nikopol a été bombardée par des artilleurs russes qui ont très probablement installé leurs batteries au sein même de la centrale de Zaporijjia.
Il faudra également mettre en oeuvre des moyens physiques particuliers : rejoindre Zaporijjia en passant par le territoire tenu par l'armée ukrainienne suppose de traverser le fleuve Dniepr qui, dans cette région, fait entre cinq et dix kilomètres de large.
Quelle situation sur place ?
Une fois arrivée, les experts devront alors évaluer les dégâts causés par les combats. Le 5 août dernier, un bombardement sur la centrale (au sujet duquel Ukrainiens et Russes se rejettent la responsabilité) avait entraîné une coupure d'alimentation déconnectant du réseau l'un des réacteurs en service et déclenchant son alimentation de secours permettant le refroidissement du circuit. C'est une pareille rupture prolongée de l'alimentation des circuits de refroidissement de deux réacteurs qui avait entraîné la catastrophe de Fukushima en 2011.
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Une fois cette évaluation faite par les experts de l'AIEA, ceux-ci sont aussi censés pouvoir faire quelques recommandations aux gestionnaires de fait de l'usine. Actuellement, ce sont les ingénieurs de Rosatom à l'Agence du nucléaire russe pour poursuivre la production d'électricité dans des conditions de sécurité satisfaisantes.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a demandé vendredi à la Russie de ne pas couper la centrale nucléaire de Zaporijjia, qu'elle contrôle, du réseau ukrainien, au moment où Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de dangereux bombardements du site. La centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe fournit près d'un cinquième de l'énergie consommée en Ukraine.
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