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Guerre en Ukraine : pourquoi le convoi de chars russes avance moins vite que prévu vers Kiev

Si des troupes aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv dans la nuit de mardi à mercredi, selon l'armée ukrainienne, la capitale ukrainienne résiste toujours malgré la menace d'une offensive massive, qui semble bloquée depuis plusieurs jours.

Article rédigé par Eric Biegala - édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un convoi militaire russe à Ivankiv, au nord-ouest de Kiev (Ukraine), le 28 février 2022. (SATELLITE IMAGE / 2022 MAXAR TECHNOLOGIES / AFP)

Des combats font rage mercredi 2 mars à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, où des troupes aéroportées russes ont débarqué au cours de la nuit selon l'armée ukrainienne. "Des troupes aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv", a déclaré l'armée ukrainienne dans un communiqué sur Telegram. Des combats ont été signalés dans cette ville de 1,4 million d'habitants proche de la frontière avec la Russie et qui a déjà été ciblée mardi par plusieurs bombardements, ayant fait au moins 21 morts et une centaine de blessés au cours des 24 heures, a annoncé mercredi le gouverneur régional, Oleg Sinegubov.

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Kiev, à 480 km de là, résiste toujours une semaine après le déclenchement de l'offensive du Kremlin. La capitale ukrainienne reste toujours sous la menace, au nord ouest, d'un convoi militaire russe observé sur des images satellite américaines. Un large dispositif militaire qui est en réalité bloqué, selon l'envoyé spécial de franceinfo sur place. 

Ce convoi russe qui s'étire sur des dizaines de kilomètres, dévoilé dans la nuit de lundi à mardi par la société américaine d'imagerie satellitaire Maxar, ne bouge plus depuis trois jours. Il s'agit plutôt d'une accumulation de véhicules venus sur Kiev par la route la plus courte et arrêtés par un obstacle naturel, la rivière, dont les ponts ont été coupés, à 25 km de la capitale.

Un convoi de l'Armée russe pris par satellite à Khilchikha (Biélorussie), le 28 février 2022. (- / SATELLITE IMAGE / AFP / 2022 MAXAR TECHNOLOGIES)

Panne d'essence et rations manquantes  

Il semble aussi que le convoi soit arrêté du fait d'un manque criant d'essence et de ravitaillement. Une légèreté logistique qu'on retrouve sur d'autres colonnes. Des blindés venus de l'Est, par exemple, se sont retrouvés en panne d'essence sur l'autoroute de Kiev. Nombre d'unités russes sont arrivées dans le pays avec, dans leur paquetage, seulement trois jours de rations, pas plus.

Résultat, on commence à voir des soldats russes s'en prendre à des épiceries, faisant main basse, sur toutes les victuailles et bouteilles d'eau qu'ils peuvent emporter. Encore plus étrange : nombre d'unités, y compris des unités d'élite, ne communiquent entre elles qu'avec des talkies-walkies civils, parfaitement audibles par tout le monde. La petite communauté des radio-amateurs ukrainienne s'est d'ailleurs jetée sur l'aubaine, collectant du renseignement à la pelle et parfois même s'autorisant un brouillage en règle des communications de l'armée russe en pleine bataille. 

Visiblement, les forces de Vladimir Poutine n'étaient absolument pas prêtes au combat en Ukraine, comme le confirme général Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York. Sur franceinfo, il précise ainsi que s'il s'agit d'une "information donnée par le Pentagone", "il est anormal qu'une colonne soit arrêtée durant plus de 48 heures, bien visible sur les images satellite." "L'armée russe a toujours eu des problèmes de logistique, poursuit-il. Plusieurs interlocuteurs sur place expliquent que la logistique russe n'a pas progressé comme nous le pensions. Il faut également se rappeler que ces colonnes viennent de Biélorussie. L'attaque de Kharkiv est très importante : elle permet d'avoir un axe logistique qui vient directement de Russie".

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Les forces russes semblaient en revanche avoir progressé dans le sud de l'Ukraine, sur les rives de la mer d'Azov. Dans le port de Marioupol, plus d'une centaine de personnes ont été blessées mardi dans des tirs russes, selon le maire, Vadim Boïtchenko. Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs indiqué dans la nuit redouter une attaque de Biélorussie après avoir constaté une "activité importante" des avions dans la zone frontalière, et des convois de véhicules transportant des vivres et des munitions y ont été observés.

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