Invasion de l'Ukraine par la Russie : à quelles conditions Vladimir Poutine est-il prêt à accepter un cessez-le-feu ?
Le président russe affirme qu'il est prêt à interrompre les combats à certaines conditions. Pour l'Ukraine, "un statut neutre", la démilitarisation et le renoncement à entrer dans l'Otan. Pour la Crimée, la reconnaissance de son annexion russe.
Quand la Russie arrêtera-t-elle d'envahir l'Ukraine ? Lors d'un échange, lundi 28 février, avec Emmanuel Macron, le président en exercice du Conseil de l'Union européenne, Vladimir Poutine a posé comme conditions à l'arrêt des combats la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, la démilitarisation et "dénazification" de l'Ukraine, ainsi qu'un "statut neutre" pour le pays. Ses exigences ont été refusées par l'Ukraine lors d'une première session de négociations, lundi, à la frontière biélorusse.
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"Ces pourparlers ont eu lieu sur fond de bombardements et de tirs", a dénoncé mardi 1er mars le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui réclame un "cessez-le-feu immédiat" et le "retrait des troupes [russes] du territoire ukrainien". Un règlement "n'est possible que si les intérêts sécuritaires légitimes de la Russie sont pris en compte sans conditions", a répété le Kremlin, ajoutant espérer que les négociations "mèneraient aux résultats espérés".
Franceinfo revient sur les exigences du président russe, alors que les Européens et leurs alliés envisagent de prendre des sanctions supplémentaires contre Moscou.
Une démilitarisation de l'Ukraine
"Nous nous efforcerons d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", a déclaré Vladimir Poutine dans une publication au matin de l'assaut, le 24 février. "Nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens "à déposer les armes".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a, de son côté, cité la "neutralisation du potentiel militaire" de l'Ukraine, qui "a été récemment fortement développé, y compris grâce aux activités de pays étrangers". L'armée vise, selon des agences de presse russes, les sites militaires ukrainiens avec des "armes de haute précision". Dès le premier jour de l'invasion, l'armée russe a assuré avoir détruit "avec succès" les systèmes de défense anti-aérienne ukrainiens et mis "hors service" les bases aériennes à travers le pays, sans toutefois donner de détails.
Le renoncement de l'Ukraine à l'Otan
La Russie demande à ce que l'Ukraine renonce pour de bon à rejoindre l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (qui rassemble 30 pays, dont la France et les Etats-Unis), estimant avoir été "trahie" par l'Otan. Déjà en décembre 2021, le ministère des Affaires étrangères russe exigeait que l'Otan retire "formellement" une décision de 2008 ouvrant la porte à l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie. Les autorités russes ont alors demandé à ce que l'Otan cesse de mener des exercices militaires près de la frontière russe. Au même moment, l'Europe a constaté que des forces armées se positionnaient près de la frontière ukrainienne.
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Cette promesse de non-adhésion à l'Otan a été formulée dans les années 1990. "A la chute du mur de Berlin, fin 1989, on s'interroge sur le statut de la future Allemagne réunifiée. Doit-elle être neutre ou intégrer l'Otan ?", explique à franceinfo Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l'institut Thomas-More et spécialiste des questions de sécurité en Europe. Pour que l'URSS accepte la seconde option, le secrétaire d'Etat américain de l'époque, James Baker, assure alors au président russe Mikhaïl Gorbatchev que "la juridiction militaire actuelle de l'Otan ne s'étendra pas d'un pouce vers l'Est".
En posant comme condition que l'Ukraine n'intègre pas l'Otan, Vladimir Poutine poursuit "sa stratégie de constituer des zones 'tampon' entre la fédération de Russie et les pays de l'Otan (...) Cela fait des années qu'il le dit", note Martine Mespoulet, professeure émérite à l'université de Nantes, interviewée par France 3 Pays de la Loire.
La reconnaissance de l'annexion de la Crimée
Le président russe exige "la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée", une péninsule située dans le sud de l'Ukraine, bordée par la mer Noire. Il y a huit ans, le 18 mars 2014, un accord a été signé par Vladimir Poutine pour son rattachement à la Russie. Deux jours auparavant, les Ukrainiens de Crimée avaient plébiscité à 96,6% des voix, par référendum, le rattachement de la péninsule à la Russie, au terme d'un scrutin qui a mis en lumière le divorce profond entre Russes et Occidentaux.
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En 2014, cette annexion avait été largement condamnée par la communauté internationale, notamment l'Union européenne. La Russie a, depuis, fait l'objet de nombreuses sanctions, notamment financières, qui ont été maintenues jusqu'à aujourd'hui.
La garantie d'un "statut neutre" pour l'Ukraine
Dès le jour d'invasion, jeudi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l'imposition d'un "statut neutre" à l'Ukraine. Le 22 février, deux jours avant de lancer l'invasion, Vladimir Poutine expliquait déjà : "Les autorités actuellement au pouvoir à Kiev refusent d'elles-mêmes de rejoindre l'Otan et s'en tiennent à une neutralité". Lundi, le président russe a déclaré à son homologue français exiger un "statut neutre" de Kiev, comme préalable à la fin de l'invasion de l'Ukraine. Sans préciser davantage les aspects que pourrait prendre cette neutralité.
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