Guerre en Ukraine : un mois après la destruction du barrage de Kakhovka, la pollution atteint "la partie nord-ouest de la mer Noire"
"La pire catastrophe environnementale en Europe depuis Tchernobyl". C'est avec ces mots que les autorités ukrainiennes décrivent les conséquences de la destruction, en Ukraine, du barrage hydroélectrique de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, au sud du pays. Kiev et Moscou continuent de s’accuser mutuellement d’avoir provoqué cette catastrophe, qui a fait plusieurs dizaines de morts. Aujourd'hui, la pollution a même fini par gagner la mer Noire.
Cette pollution s'explique par la proximité directe du barrage due aux ordures, aux eaux usées, mais aussi aux carburants. Trois régions sont concernées : Kherson, Zaporijjia et Dnipro. Des milliers de personnes sont privées d’eau potable. Les habitants ont aussi l’interdiction de pêcher et de se baigner.
À l’aval du barrage, la pollution majeure constatée par les spécialistes concerne les nitrates. Dans cette région très agricole, ces engrais chimiques ont été balayés par les eaux jusque dans la mer Noire. "Dès le 17 juin, les eaux polluées atteignaient l’embouchure du Danube", explique Pavlo Boulanovicth, à la tête du département environnement de la région d’Odessa. "Aujourd’hui, 7 000 kilomètres carrés de la partie nord-ouest de la mer Noire sont pollués."
Les algues vertes détruisent l'écosystème
Il y a aussi une prolifération d’algues vertes, favorisée par des volumes d’eau douce plus importants que d’habitude, et des températures élevées. "Ces algues sont toxiques", détaille Pavlo Boulanovicth. "Elles prennent tout l’oxygène de l’eau ce qui peut entraîner la destruction des ressources biologiques et compromet donc l’approvisionnement alimentaire des poissons."
Les poissons seraient ainsi en train de se déplacer pour assurer leur survie. Une espèce endémique du bassin du Dniepr serait d’ailleurs en voie de disparition. Pour Natalia Gozak, de l’ONG ukrainienne Eco-Action, c’est tout un écosystème qui est en danger et cela pourrait toucher les côtes roumaines et bulgares. "Le niveau du barrage continue de baisser et la surveillance qui est faite, n’est réalisée que sur les rivages, sur les bords de la mer Noire. Je pense que quand nous aurons la possibilité de faire des analyses plus en profondeur, les résultats seront différents."
Les conséquences en mer Noire sont encore insoupçonnées. Selon le centre hydrométéorologique ukrainien, un mois après sa destruction, le réservoir de Kakhovka a été vidé aux trois quarts quarts. Selon les autorités, l’agriculture du sud du pays serait en danger pour des décennies.
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