Guerre en Ukraine : un nouveau rapport fait état d'exécutions et de tortures dans la région de Kiev au début du conflit
De nouvelles "preuves" des crimes de guerre commis sous l'occupation des forces russes dans la région de Kiev (Ukraine), au cours des premiers mois de l'offensive de Moscou en Ukraine. Un nouveau rapport publié lundi 30 janvier du Partenariat international pour les droits humains (IPHR) en collaboration avec l'ONG ukrainienne Truth Hounds (lien en anglais) corrobore de précédentes enquêtes et révèle de nouveaux crimes de guerre commis contre des civils ukrainiens dans les villes de Motyzhyn, Kopyliv et Severynivka.
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Pour l'IPHR, une ONG basée en Belgique et documentant des crimes de guerre en Ukraine, il y a "suffisamment de preuves" pour "conclure" que les forces russes ont commis dans ces villes des "attaques intentionnelles contre des civils", des "meurtres volontaires" ainsi que des actes de "torture". Le rapport ajoute que "les attaques des forces civiles dans l'oblast (région) de Kiev peuvent constituer des crimes contre l'humanité, sous la forme de torture et de meurtres".
L'enquête, établie à partir des témoignages de proches des victimes et d'autres témoins, détaille en parallèle certaines des conditions de l'occupation russe dans cette zone située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale ukrainienne. À Kopyliv, par exemple, "les soldats russes ne permettaient pas aux civils essayant d'évacuer leurs enfants de quitter le village. Ils ont refusé de les aider à trouver de la nourriture pour bébé et ont refusé l'autorisation d'enterrer un habitant qu'ils avaient tué", affirme le rapport.
Des civils fuyant l'occupation tués par balles
Le rapport de l'IPHR revient notamment sur une attaque des forces russes, le 3 mars 2022, contre une famille fuyant la zone occupée en voiture. Des parents et leurs deux filles, âgées de 9 et 14 ans, se trouvaient près de Motyzhyn, non loin de l'autoroute reliant Kiev à Jytomyr, quand leurs deux véhicules ont été visés par des tirs russes, selon l'ONG. Les deux adultes ont été tués dans l'attaque, puis l'une des deux filles, la plus jeune, a été amenée par les forces russes au domicile d'un habitant de Kopyliv. Selon le récit de l'enfant, le visage de sa mère a été défiguré par les tirs, et sa grande sœur, blessée à la jambe, a été emmenée par d'autres soldats russes. Sa localisation et son état restent inconnus.
L'habitant de Kopyliv qui a recueilli la petite sœur a témoigné auprès de l'IPHR, confirmant ces faits. D'après son témoignage, leur grand-père a pu venir chercher l'enfant rescapée début avril, et enterrer les corps des parents "restés sur la route après l'attaque". Il a ainsi constaté des blessures par balle sur leurs corps.
À Motyzhyn, le meurtre d'une femme âgée a également été documenté par l'équipe de l'IPHR et de Truth Hounds. Celle-ci a été abattue le 19 mars, alors que des forces russes tiraient dans les cours et jardins d'une rue de Motyzhyn, selon le récit du voisin de la victime. L'enquête rapporte aussi qu'un civil de Kopyliv a été tué après avoir disparu le 18 mars. Il avait été aperçu une dernière fois à vélo. Selon le témoignage de sa veuve recueilli pour ce rapport, son corps a été retrouvé le 8 avril par la police à Kalynivka, à quelque 40 kilomètres de Kopyliv. "Quand je l'ai vu, il lui manquait la moitié de sa tête et son corps était brûlé. Je ne l'ai reconnu qu'à la déformation de sa poitrine", a témoigné la veuve.
Des habitants torturés et exécutés
Au fil du rapport, l'IPHR relate aussi le meurtre de deux Ukrainiens membres d'une "force de défense territoriale" improvisée à Severynivka. Cette "force" "s'apparentait davantage à une forme de 'surveillance de quartier'", précise l'ONG. "Ils n'étaient pas liés aux forces militaires ukrainiennes, n'avaient ni armes ni uniformes et n'ont pas participé aux hostilités. Leur seul but était d'empêcher le pillage dans le village".
L'un des civils participant à cette "force" a été capturé, torturé et tué par les forces russes, selon un ami dont la maison a été incendiée et qui a été arrêté au même moment. D'après son récit rapporté par une connaissance, les deux Ukrainiens ont été amenés dans une ferme "utilisée par les Russes comme un site de détention, de torture et d'exécution". "Ils l'ont battu, il criait", a confié l'ami de la victime, détenu pendant trois jours sans eau ni nourriture. Ce dernier a pu être relâché, mais le corps de la victime a été "retrouvé dans un puits avec des preuves de torture".
L'enquête détaille en parallèle le meurtre d'un deuxième membre de la "force territoriale de défense" de Severynivka. "Nous nous sommes parlé pour la dernière fois le 26 mars. Le 27, les Russes sont venus fouiller notre maison, assure sa veuve, partie du village le 6 mars. Le 28 mars, une fille de notre village m'a appelée. Elle m'a dit que selon les habitants, mon mari avait été fait prisonnier par les Russes. (...) Le 18 avril, son corps a été retrouvé dans une forêt", décrit-elle. Le rapport de l'IPHR cite également un voisin témoin de la fouille de la maison. Selon lui, les forces russes accusaient la victime d'être un nationaliste et menaçaient de le tuer. L'autopsie a montré que l'homme avait été tué d'une balle dans la nuque.
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