Guerre Russie-Ukraine : on fait le point sur les pays qui ont fermé leur espace aérien aux compagnies russes
Depuis dimanche, les vols russes ne peuvent plus passer par 31 pays du continent européen, dont la France. L'Union européenne, par la voix d'Ursula von der Leyen, a annoncé une sanction coordonnée. La Russie a réagi lundi.
C'est comme un mur invisible érigé entre la Russie et l'océan Atlantique. Dimanche 27 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la fermeture de l'ensemble de l'espace aérien de l'Union européenne à tous les avions russes, y compris "les jets privés des oligarques".
En fin de semaine, de nombreux pays européens ont annoncé cette sanction, en représailles à l'invasion, jeudi, de l'Ukraine par la Russie. Ainsi, à compter de dimanche 27 février, la France ferme son espace aérien aux avions et compagnies aériennes russes, a annoncé sur Twitter le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, en milieu de journée.
Aux côtés de l'Italie et du Danemark, la France réclamait "une coordination européenne rapide sur le sujet", à laquelle Ursula von der Leyen a répondu. Moscou n'a pas manqué de répliquer, en interdisant lundi les vols de compagnies aériennes de 36 pays. Parmi les Etats concernés figurent tous les pays de l'Union européenne, le Royaume-Uni ou encore le Canada.
Quels sont les pays qui ont fermé leur espace aérien aux compagnies russes ?
"En Europe, le ciel est ouvert (...) à ceux qui connectent les peuples, pas à ceux qui commettent des agressions brutales", a déclaré sur Twitter le Premier ministre belge, Alexander De Croo. Après avoir annoncé au coup par coup cette mesure, les pays de l'Union Européenne se sont unis pour interdir globalement aux appareils russes de survoler leur territoire.
Le transport de passagers et de marchandises, les avions militaires et les jets privés sont concernés par ces interdictions. Les vols russes à destination de ces pays sont donc annulés et ceux en direction de l'Ouest devront faire de longs détours pour contourner cette vaste zone interdite. La plupart des pays ont simplement annoncé l'interdiction de vol. Seule l'Allemagne a annoncé une durée d'interdiction de trois mois à partir de dimanche.
Peu avant l'annonce française, dimanche sur Franceinfo, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a précisé : il faut "veiller par exemple à ce que les Français de Russie puissent regagner la France".
Au total, dimanche soir, 31 pays du continent européen ont fermé, ou vont fermer, leur espace aérien aux compagnies russes. Parmi eux, le Royaume-Uni, l'Islande, la Moldavie et la Norvège, complétés des pays de l'Union européenne. Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé dimanche midi que "face à l'invasion russe de l'Ukraine, l'unité de l'Europe [était] totale".
En amont des annonces d'Ursula von der Leyen, 18 des 27 pays de l'UE avaient déjà pris la même décision : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovénie et la Suède. Les neuf pays restants de l'Union européenne ont renforcé cette liste dimanche soir : Chypre, la Croatie, la Grèce, la Hongrie, Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovaquie.
Les pays limitrophes de l'Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie, ont fermé leur espace aérien, non pas seulement à la Russie, mais à l'intégralité des autres pays. Hors continent européen, seul le Canada, deuxième plus vaste pays de la planète, a aussi annoncé avoir pris cette décision dimanche en fin de journée.
Sur le continent européen, les pays suivants acceptent toujours les avions russes : la Suisse et les pays des Balkans – Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Kosovo, Monténégro, Macédoine du Nord.
Concrètement, qu'est-ce que ça change ?
La position géographique de certains pays sanctionneurs risque de mettre en grande difficulté la Russie. La Finlande prive par exemple la Russie de plus de 1 300 km de frontière au nord de l'Europe. Le golfe de Finlande, large de 120 km maximum et entouré de la Finlande, de la Russie et de l'Estonie, pourrait devenir le seul passage viable pour les avions russes vers l'Ouest, point la BBC.
La fermeture de l'espace aérien finlandais risque aussi d'affecter la desserte de l'enclave russe de Kaliningrad, au bord de la mer Baltique, entre la Pologne et la Lituanie. L'agence civile de l'aviation russe, Rosaviatsia, assure que des vols de compagnies russes continueront d'être effectués jusqu'à l'enclave de Kaliningrad, en passant au-dessus des eaux internationales en mer Baltique et en contournant la Lituanie.
Le trafic aérien en Europe va tourner au ralenti et des centaines d'avions vont devoir faire des détours considérables. La totalité des vols européens évitait déjà le territoire en guerre, l'Ukraine, comme le montre le site de suivi en direct du trafic aérien Flightradar24.
Emboîtant le pas aux groupes Lufthansa (Condor, Swiss, Brussel Airlines) et IAG (British Airways), Air France a décidé de suspendre la desserte et le survol de la Russie jusqu'à nouvel ordre, "compte tenu de la situation dans la région", a expliqué un porte-parole à l'AFP dimanche. La compagnie aérienne française suspend également ses vols depuis et vers la Chine, la Corée et le Japon, "le temps d'étudier les options de plans de vol permettant d'éviter l'espace aérien russe".
Les perturbations ont débuté dès dimanche. Plusieurs vols à destination de Vienne ou Francfort, de lignes russes Aeroflot, Ural Airlines et Rossiya, ont dû rentrer en Russie, a rapporté le site Flightradar24.
Because of new restriction, several flights performed by Russian airlines are returning to Russia.
— Flightradar24 (@flightradar24) February 27, 2022
Aeroflot #SU2300 https://t.co/NWyqTUIbCi
Ural Airlines #U61897 https://t.co/8qkgIVlVks
Rossiya #SU6603 https://t.co/Pp9jba8CQT pic.twitter.com/plsQim4gBL
Les itinéraires vont devoir être adaptés et les temps de certains vols s'allongeront. Dimanche, un vol reliant Moscou à Budapest, en Hongrie, a dû être allongé de 70 minutes pour contourner la Pologne, par la mer Baltique au Nord puis l'Allemagne à l'Ouest, rapporte Flightradar24.
Même le gouvernement russe devra, dès lundi, modifier son itinéraire. "Le secrétaire du Conseil de sécurité du Kremlin arrivera demain à Belgrade pour des entretiens avec le président serbe Vučić. Les pays fermant leur espace aérien à la Russie, l'avion de Patrushev devra trouver une route alternative vers la Serbie, amie de la Russie", notait un chercheur du Balkan Forum sur Twitter.
Ce cas de figure est déjà notable dans le sens inverse. Pour ne pas survoler la Russie, la compagnie britannique Virgin Atlantic a annoncé ajouter ainsi de 15 minutes à une heure à ses vols entre le Royaume-Uni, l'Inde et le Pakistan, indique la BBC (en anglais).
Comment la Russie a-t-elle répliqué ?
En représailles, Moscou a annoncé lundi restreindre les vols de compagnies aériennes de 36 pays. "En réponse à l'interdiction par les Etats européens des vols d'avions civils exploités par des transporteurs aériens russes et/ou enregistrés en Russie, une restriction des vols des transporteurs aériens de 36 Etats a été introduite", a annoncé l'agence russe de transport aérien Rosaviatsia dans un communiqué.
Parmi les Etats concernés figurent tous les pays de l'Union européenne, le Royaume-Uni ou encore le Canada. Selon Rosaviatsia, les vols des compagnies aériennes de ces pays peuvent toujours être effectués, à condition d'obtenir un "permis spécial" délivré par les autorités russes.
Des compagnies aériennes russes ont par ailleurs déclaré annuler leurs vols vers un grand nombre de leurs destinations européennes, jusqu'au 13 mars pour S7 Airlines ou encore jusqu'au 28 mars pour les liaisons vers Prague et Varsovie, rapporte la BBC (en anglais).
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