"La plupart des blessés deviennent paraplégiques" : l'hôpital régional de Kharkiv au nord de l'Ukraine contraint de pratiquer la médecine de guerre
À Kharkiv, l’hôpital régional a dû se convertir à la médecine de guerre. Depuis un mois, cette ville du nord de l’Ukraine est sous le feu des bombardements russes.
"J’ai encore des éclats à l’arrière et sur le sommet de la tête", confie Yevgueni, allongé sur un lit de l’hôpital régional de Kharkiv. Sur l’oreiller, sa tête est enveloppée de gaze blanche. On voit quand même que son crâne a été rasé. Il a été blessé à la tête par des éclats, lors d’un bombardement.
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Yevgueni a 40 ans. Il faisait la queue devant la poste pour récupérer un colis quand il a été touché. Les éclats sont maintenant figés dans son crâne. Kharkiv est l’un des secteurs les plus touchés avec Marioupol, même si la ville n’est pas en état de siège. Au moins 500 personnes y ont été tuées, et 2 000 blessées depuis un mois. L’hôpital est donc contraint de faire de la médecine de guerre. "Ils ont essayé d’enlever les éclats avec une opération mais ils ont eu peur que ça provoque une hémorragie. Ils les ont donc laissés", poursuit Yevgueni résigné.
Le docteur Vadislav Kalouchka voit ce type de blessure régulièrement dans Kharkiv depuis le début de l’offensive russe. Il travaille dans l’unité de neurologie du centre hospitalier régional. "Ce sont surtout des blessures à la tête à cause des éclats des bombes, confirme-t-il. Il y a aussi des blessures aux bras, aux jambes et à la colonne vertébrale. La plupart des blessés deviennent paraplégiques."
"Les médecins doivent vivre ici"
Cet hôpital est situé au cœur de la ville. C’est un bâtiment de huit étages. Les fenêtres sont calfeutrées, avec du carton et parfois des radios d’anciens patients, "parce qu’on a peur qu’elles volent en éclat, explique le Dr Kalouchka. On essaie de se protéger, nous et nos patients. Quand notre administration régionale a été bombardée par un missile, on l’a senti fortement dans notre hôpital."
Malgré la répétition des bombardements à Kharkiv, l’hôpital n’est pas débordé. Ce sont les hôpitaux militaires qui sont en première ligne. Mais on trouve quand même des lits en plus dans les couloirs. Ils servent pour les soignants, explique Maxim Khaoustov, le chef du service de médecine générale. "C’est parce qu’il n’y a pas que les patients qui habitent ici mais aussi les médecins. On fait ça à cause des transports qui ne fonctionnent pas dans la ville". Pas le choix donc. Pour le Dr Khaoustov, "les médecins doivent vivre ici."
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