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La Russie parle d'une possible "chute" de la Station spatiale internationale : "On est dans de l'affichage très symbolique", assure un spécialiste

Le patron de l'agence spatiale russe a affirmé que les sanctions économiques contre Moscou, décidées après l'invasion russe en Ukraine, risquaient de perturber le ravitaillement en carburant de l'ISS.

Article rédigé par franceinfo
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Dmitri Rogozine, le patron de l'agence spatiale russe, le 10 mars 2022 à Moscou (Russie). (KIRILL KALLINIKOV / SPUTNIK)

L'affirmation par le patron de l'agence spatiale russe d'une possible chute de la Station spatiale internationale causée par les sanctions occidentales contre la Russie est un "affichage très symbolique", a assuré samedi 12 mars sur franceinfo Xavier Pasco, le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), spécialiste des questions spatiales. Il remarque cependant que le programme de la station, "qui a toujours été mis en avant comme la plus grande coopération internationale du monde, se trouve sous les projecteurs de manière un peu inquiétante".

Une affirmation théoriquement vraie

Selon le patron de l'agence spatiale russe Dmitri Rogozine, le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant l'ISS sera bien perturbé par les sanctions internationales décidées par l'occident depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La station serait ainsi en danger. Une affirmation théoriquement vraie, explique Xavier Pasco : "L'ISS perd tous les jours quelques dizaines de mètres d'altitude, donc il faut régulièrement la rehausser. C'est fait en utilisant notamment les vaisseaux Progress russes qui s'amarrent au module russe de la station". "En toute hypothèse, poursuit-il, si on arrêtait cette assistance, on aurait au bout du compte une station spatiale qui tomberait dans l'atmosphère", au bout de "quelques mois".

Le spécialiste des questions spatiales invite cependant à prendre cette annonce comme "de l'affichage" : "Il faut se rappeler que Dimitri Rogozine avait déjà indiqué, dès 2014, avec les premières sanctions, que les Russes arrêteraient de transporter des astronautes vers la Station, il avait invité les Américains à utiliser un trampoline". "Il insistait sur le fait que seuls les Russes avaient, à l'époque, le vaisseau pour envoyer des astronautes vers la station, ajoute Xavier Pasco. Depuis, les Américains ont repris leur indépendance et ont pu transférer leurs propres astronautes.

"Tout ça était un jeu lié aux sanctions. D'ailleurs, Rogozine lui-même est visé par ces sanctions, ce qui est un facteur d'agacement considérable".

Xavier Pasco

à franceinfo

Les menaces russes ne remettent pas en cause pour le moment "la coopération technique entre les agences", précise Xavier Pasco. "On a encore des gens de la NASA à Moscou qui aident au contrôle de vol." Le secteur de la coopération spatiale est également préservé aujourd'hui, assure le scientifique, alors qu'un équipage composé de Russes et d'Américains se trouve actuellement en orbite.

Pour autant, "les Américains commencent à imaginer des scénarios Plan B" pour le ravitaillement de l'ISS, explique Xavier Pasco. "Mais ça prendrait quelques années pour concevoir un système qui permettrait, si les Russes partaient, de maintenir la station en orbite", avance le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

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