La Russie sort le chéquier pour garder l'Ukraine dans son giron
A l'issue d'une rencontre avec le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, son homologue russe, Vladimir Poutine, a annoncé que Moscou allait réduire d'un tiers le prix du gaz qu'il vend à l'Ukraine. Et investir 15 milliards dans le pays.
De l'huile (ou plutôt du gaz) sur le feu : c'est ce que risquent de produire les accords conclus entre la Russie et l'Ukraine, à l'issue d'une rencontre entre les présidents des deux pays au Kremlin, à Moscou, mardi 17 décembre. Vladimir Poutine et Viktor Ianoukovitch se sont entretenus alors que l'opposition pro-européenne en Ukraine manifeste à Kiev depuis fin novembre. Le 21 novembre, Viktor Ianoukovitch a refusé de signer un accord d'association avec l'Union européenne. La volte-face du président ukrainien a déclenché un vaste mouvement de contestation et de remise en cause de son pouvoir.
La fronde des manifestants pro-européens pourrait continuer, car avec ces accords, l'Ukraine reste dans le giron de la Russie. L'opposition a appelé à un nouveau rassemblement de masse, mardi, dans le centre de Kiev.
Quels sont les points d'accord entre la Russie et l'Ukraine ?
La Russie va réduire d'un tiers le prix du gaz qu'elle lui vend, a annoncé Vladimir Poutine, à l'issue d'une rencontre avec son homologue ukrainien. Le gaz coûtera désormais 268,50 dollars (195,40 euros) les 1 000 mètres cubes contre plus de 400 actuellement. "Il sera vendu à l'Ukraine au même prix qu'à l'Union européenne", indique à francetv info Alban Mikoczy, correspondant en Russie pour France Télévisions. Les difficultés financières de l'Ukraine sont telles que le pays redoutait de ne pouvoir régler ses factures énergétiques cet hiver.
La Russie va aussi investir 15 milliards de dollars (10,90 milliards d'euros) dans des titres du gouvernement ukrainien. Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a ensuite précisé que cet argent serait investi en 2013 et en 2014 dans des obligations émises par l'Ukraine, selon les agences russes.
Les deux pays ont aussi conclu un accord prévoyant de lever les "limitations commerciales" entre les deux pays pour 2013 et 2014. Une série d'autres documents ont aussi été signés.
En revanche, Vladimir Poutine a affirmé que la question de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière menée par Moscou n'avait pas été évoquée lors des négociations. Cette Union est redoutée par l'opposition pro-européenne, en Ukraine.
Que signifient-ils ?
"Viktor Ianoukovitch penchait déjà pour un accord avec la Russie. Vladimir Poutine a achevé de le convaincre en mettant de l'argent sur la table. Paradoxalement, les manifestations en Ukraine l'ont aidé : Viktor Ianoukovitch a pu dire à Vladimir Poutine : 'soit on signe un accord, soit c'est le chaos'", analyse Alban Mikoczy. "Le président russe a cédé pour que l'Ukraine reste dans son orbite. Le pays lui sert de pare-feu par rapport à l'Europe", ajoute-t-il.
Avant la visite de leur président en Russie, les opposants ukrainiens l'ont accusé de vouloir "vendre" le pays. Vladimir Poutine a tenté de calmer le jeu en affirmant que l'aide apportée à l'Ukraine n'était "liée à aucune condition", à commencer par l'adhésion de l'Ukraine à l'union douanière que Moscou a conclue avec la Biélorussie et le Kazakhstan. L'opposition ukrainienne rendra sûrement une réponse à son président dans la rue.
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