"Les hurlements étaient terribles" : en Ukraine, le souvenir des tortures de l'occupant russe hante un village ukrainien récemment libéré
Libérés des troupes russes après huit mois d’occupation, les habitants de Velika Oleksandrivka, près de Kherson et de la ligne de front, sont encore hantés par les cris de ceux que l’occupant torturait dans une maison du village.
C’est une maison cachée par un grand portail juste derrière l'école du village récemment libéré de Velika Oleksandrivka, (la grande Alexandrie) tout près de la ligne de front, près de Kherson, après huit mois d'occupation. Les Russes s'étaient installés là, dans la maison du chef de la police locale.
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Lyda habite la porte à côté et elle est encore hantée par les cris. "Les hurlements étaient terribles, se souvient la vieille dame. J’ai entendu cela peut-être quatre fois. J’ai vu des hommes jeunes descendre au sous-sol. C’était tellement insupportable que j’étais obligée de rentrer dans ma maison."
"Les voisins qui sont allés voir ont dit que les murs et le sol était recouverts de sang et que les Russes torturent par chocs électriques : c’est inimaginable d’entendre ça…"
Lydaà franceinfo
Irina a été torturée dans ce sous-sol avec son mari et sa grand-mère. Elle refuse de témoigner : c’est Nina, son amie, qui raconte les tortures à l’électricité et les simulacres d’exécution.
"Ils les ont torturés dans le sous-sol, se souvient Nina. Elle était pieds nus, il faisait froid. Ils lui ont mis des menottes, ainsi qu’à son mari, et lui ont demandé de dire quelles informations ils avaient, parce qu’ils les soupçonnaient de savoir des choses."
"Ils ont allumé le courant... Et plus tard, ils lui ont mis un sac sur la tête et, au bord de la rivière, ils lui ont fait croire qu’ils allaient l’exécuter."
Ninaà franceinfo
"Oui, ils torturaient les gens, reprend Nina. Certains sont morts suite aux tortures. Ils ont par exemple trouvé quelque chose sur le téléphone portable d’un homme que je connais : ils l’ont amené à ce sous-sol. Quand ils l’ont laissé sortir, il est très vite mort. Ils étaient très cruels, surtout les soldats des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk."
La plupart ont été dénoncés par des voisins. Dans ce village, racontent les deux femmes, beaucoup d’habitants ont collaboré avec l’occupant et aujourd'hui, ils se promènent la tête haute, comme si de rien n’était.
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