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"Montrer sa compassion de l'humanité" : une exposition consacrée à des femmes photographes de guerre à Paris

Alors que la guerre en Ukraine est à la une de tous les journaux, le Musée de la Libération de Paris présente une exposition sur les femmes photographes de guerre, retraçant le travail de huit d’entre elles, qui ont couvert la plupart des conflits des XXème et XXIème siècles.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La photographe Christine Spengler devant l'une de ses photos dans l'exposition "Femmes photographes de guerre" au Musée de la Libération, à Paris, en mars 2022. (ANNE CHÉPEAU / FRANCE-INFO)

C’est avec les photos de Gerda Taro, la compagne du célèbre photographe Robert Capa que s’ouvre l’exposition "Femmes photographes de guerre", inaugurée le mardi 8 mars au Musée de la Libération de Paris. La jeune femme a été tuée à l'âge de 27 ans, en Espagne en 1937, alors qu’elle couvrait la Guerre civile. "Les femmes ont eu leur part, insiste Sylvie Zaidman,la commissaire générale de l’exposition. Elles ont pris leur part à cette grande histoire de la photographie de guerre. On n'imagine pas que, dès les années 1930, les femmes étaient là, aux côtés des hommes pour couvrir tous ces conflits."

En 1944, c’est l’américaine Lee Miller qui couvre la fin de la Seconde guerre mondiale pour le magazine Vogue : elle capture en images la Libération et la découverte des camps nazis. À Dachau, elle photographie ainsi deux soldats américains face à des cadavres de prisonniers.

"C'est un wagon de chemin de fer et dedans, il y a des gens morts. Ils étaient prisonniers, décrit Antony Penrose, le fils de Lee Miller, disparue en juillet 1977Chaque personne avait une vie, avec une famille peut-être. Maintenant, ils sont comme des déchets. C'est caractéristique du travail pendant la guerre : elle veut montrer sa compassion de l'humanité.", précise-t-il.

Une photo prise par Lee Miller à Dachau en 1945 : des soldats américains devant un wagon avec des cadavres de prisonniers. Elle fait partie de l’exposition "Femmes photographes de guerre" au Musée de la Libération à Paris. (ANNE CHÉPEAU / FRANCE-INFO)

"Cette photo de Phnom Penh, c'est Kiev aujourd'hui"

La photographe française Christine Spengler, qui a couvert 14 conflits à partir des années 1970, réfute l’idée d’un regard féminin sur la guerre. Mais être une femme lui a permis de prendre des photos impossibles pour des hommes, notamment en Iran et en Afghanistan. 

Aujourd’hui, alors que la guerre fait rage en Ukraine, elle constate avec tristesse que ses photos présentées dans l’exposition sont terriblement d’actualité, et notamment celle du bombardement de Phnom Penh en 1975. "Avant-hier, je pleurais presque en parlant de cette photo de Phnom Penh parce que c'est Kiev aujourd'hui. On nous parle que de bombardements, donc de pans de maisons éventrées, l'odeur de la mort..., regrette Christine Spengler. Et aussi, quand je pense qu'ils ont choisi, ici, dans cette exposition, la photo du Front Polisario, de cette femme combattante, de son vieux fusil en bois et son bébé qui me regarde. Et bien, c'est aussi d'actualité car les Ukrainiens ont dit aussi que leurs femmes, aussi, allaient combattre.", fait-elle remarquer.

L’exposition rappelle aussi le prix à payer pour témoigner. Sur les huit femmes photographes de guerre, dont le travail est présenté, deux sont mortes au combat.

Visite de l'exposition "Femmes photographes de guerre" au Musée de la Libération. Le reportage d'Anne Chépeau

L’exposition "Femmes photographes de guerre" est à voir au Musée de la Libération - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin, à Paris, jusqu’au 31 décembre.

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