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Reportage "On s'est dit que ça n'avait pas de sens d'attendre" : malgré la guerre, des couples ukrainiens décident de faire un enfant

Dans la maternité du docteur Bessarabov à Zaporijia, le nombre de naissances a diminué de moitié et les accouchements sont devenus plus compliqués depuis le début de la guerre. Mais certains couples décident malgré tout d'avoir un enfant.
Radio France
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Anastasia, 33 ans, vient de donner naissance à un petit garçon, Andriy, à Zaporijia en Ukraine, juillet 2023. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le taux de natalité semble drastiquement chuter dans le pays. S'il n'y a pas de chiffres précis au niveau national, les médecins ukrainiens s'inquiètent du nombre accru de prématurés et des complications liées au contexte. Malgré tout, des naissances ont lieu. Certains couples ont décidé de donner la vie en dépit du conflit.

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À Zaporijia, dans le sud-est du pays, Emilia sourit, assise au bord du lit. Elle vient d'accoucher par césarienne de Yessenia, une petite fille, et elle est encore sur un petit nuage. Son mari a pu être à ses côtés : "On était ensemble, dieu merci", raconte la jeune femme.

Plus de complications lors des accouchements

La situation n'a pas perturbé leur projet d'enfant, détaille Yaroslav, le père : "C'était prévu. On s'est mariés pendant la guerre. Au début, on voulait attendre et puis on s'est dit que ça n'avait pas de sens." Mais au-dessus de la tête du jeune papa, plane l'ombre d'une potentielle mobilisation, qui pourrait tout faire basculer : "Ça peut arriver d'un jour à l'autre. Tout le monde a peur de ça. Si la guerre continue, ce ne sera pas possible de l'éviter, on verra bien".

Dans la maternité du docteur Youriy Bessarabov, il y a deux fois moins d'accouchements qu'avant la guerre et beaucoup plus de femmes sont soumises au stress. "Maintenant, il y a beaucoup plus de cas urgents avec des hémorragies, des problèmes psychologiques ou encore des accouchements avec complications ou des naissances prématurées", détaille le professionnel de santé.

Le docteur Youriy Bessarabov dans l'une des salles d'accouchement de sa clinique à Zaporijia en Ukraine, juillet 2023. (ISABELLE LABEYRIE / RADIO FRANCE)

Se projeter dans un pays en paix

La présence d'un psychologue est devenue obligatoire notamment pour les femmes dont le mari est au front ou mort au combat. "Ce psychologue rencontre les futures mamans quand elles se préparent à l'accouchement. Pendant l'accouchement il les aide psychologiquement et physiquement, tout comme le médecin. Et après l'accouchement il maintient un suivi", raconte le docteur Bessarabov.

En août, Alina donnera naissance à son deuxième enfant. Elle attend un garçon, à Zaporijia en Ukraine, juillet 2023. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Alina assure ne pas avoir besoin de soutien. Cette future maman promène son ventre arrondi dans les rues de Zaporijia. La naissance est prévue au mois d'août. Un enfant de l'espoir et pas un enfant de la guerre, assure-t-elle : "Il faut quand même continuer à vivre, remettre sur pied les infrastructures, l'économie, faire naître des enfants... Il y a tout à faire ! Et si c'est pas nous, qui le fera ?".  Donner la vie est aussi un acte patriotique, et surtout une façon de se projeter dans un pays en paix.

Malgré la guerre, des couples ukrainiens décident de faire un enfant - Isabelle Labeyrie

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