Cet article date de plus de deux ans.

Ouverture des pourparlers entre la Russie et l'Ukraine en Turquie : Moscou "est sur la défensive", analyse une politologue au CNRS

Selon Marie Mendras, politologue au CNRS et professeure à Sciences Po, le pouvoir russe ne sait plus, désormais, "dans quel sens aller", alors que s'ouvre mardi à Istanbul une nouvelle session de pourparlers entre la Russie et l'Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le conseiller russe Vladimir Medinsky et le représentant ukrainien, par ailleurs chef du parti "Serviteur du peuple", Davyd Arakhamia, lors d'une réunion dans le cadre des pourparlers russo-ukrainiens au palais Dolmabahce, à Istanbul, en Turquie, le 29 mars 2022. (SERGEY KARPUHIN / POOL)

Le régime de Vladimir Poutine "est sur la défensive" après cinq semaines de conflit, analyse mardi 29 mars sur franceinfo Marie Mendras, politologue au CNRS et professeure à Science Po, alors qu'une nouvelle session de pourparlers s'ouvre mardi entre la Russie et l'Ukraine à Istanbul.

franceinfo : Alors qu'une nouvelle session de pourparlers commence entre la Russie et l'Ukraine, le pouvoir russe donne-t-il l'impression d'être acculé ?

Marie Mendras : On voit bien que le pouvoir poutinien est sur la défensive parce qu'il considère qu'il n'est pas en position de force pour négocier actuellement et c'est ça qui est vraiment très intéressant. Je crois que le pouvoir russe ne sait plus trop maintenant dans quel sens aller, parce qu'ils ont démontré qu'ils ne pouvaient pas avancer en Ukraine et qu'ils ne pouvaient pas occuper tout le territoire, qu'ils ne pouvaient pas faire tomber le gouvernement Zelensky. Ils sont en train d'essayer de réajuster le tir et ils sont absolument sous pression économique, sous pression militaire, parce que l'armée ukrainienne mène des contre offensives tous les jours, ce qui est quand même absolument remarquable. On est quand même absolument effaré de l'impréparation de cette invasion. C'est pour cela que la négociation qui s'ouvre à Istanbul, je la vois comme un moment absolument clé dans cette guerre, parce que les Ukrainiens y vont paradoxalement en position de force.

Somme-nous dès lors entrés dans une guerre longue, d'usure ?

Simplement, ce que le président ukrainien veut faire, c'est montrer qu'il est ouvert et prêt à faire des compromis pour obtenir un cessez-le-feu et de démontrer que c'est la partie russe, donc l'agresseur, qui refuse absolument d'arriver à un cessez-le-feu.

Et sur la question de la neutralité ?

Soyons prudents dans l'utilisation du terme. Il est clair que pour les Ukrainiens, ce n'est ni une démilitarisation de leur pays, ni de se remettre dans une situation de vulnérabilité par rapport à Moscou et d'accepter une forme de souveraineté faible. Et surtout, ça ne remet absolument pas en cause le choix européen et démocratique qu'ils ont fait. Et c'est pour cela que Zelensky dit 'on peut mettre de côté pour un bon moment une adhésion à l'Alliance atlantique. En revanche, nous demandons immédiatement des garanties de sécurité et une adhésion à l'Union européenne'. Donc, c'est une position très stratégique qui est intelligente et qui, évidemment, prend à contre-pied le Kremlin.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.