Penser l'Ukraine d'après la guerre : l’intelligence artificielle au service de la relance
Selon la ministre de l’Économie ukrainienne Ioulia Sviridenko, le PIB de l’Ukraine s’est contracté de 30,4 % en 2022. Le prix d’une guerre dévastatrice, qui absorbe l’essentiel des ressources du pays. Mais à l’heure de la reconstruction, l’Ukraine pourra s’appuyer sur des secteurs de pointe, notamment dans les technologies de l’information. L’intelligence artificielle (IA), qui a fait couler beaucoup d’encre lorsque des communications radio entre soldats russes ont été interceptées et analysées en Ukraine grâce aux algorithmes d’une société́ américaine.
Plus récemment, un rapport du centre de recherches britannique Royal United Services Institute a révélé́ que l’armée ukrainienne utilisait environ 300 drones synchronisés par jour pour la reconnaissance géographique et l’identification des cibles. L’intelligence artificielle fait donc rage sur les champs de bataille, mais pas seulement.
L'IA, un domaine en "plein essor"
"En Ukraine, il existe un nombre assez important de spécialistes de l’intelligence artificielle. Ça a toujours été comme ça" , analyse Anton Vaisburd, PDG et co-fondateur en 2021 de Datrics.ai, l’une des multiples start-up créées en Ukraine. L’intelligence artificielle est l’un des rares secteurs de l’économie ukrainienne qui traversent la guerre sans trop d’encombres, explique ce jeune patron né en 1990.
"En général, l’IA et, de façon plus générale, les technologies de l’information, ne souffrent pas autant que l’économie réelle de la guerre. Tout n’est pas forcément simple, mais nous sommes en plein essor. Un certain nombre de sociétés travaillent à l’international. Nous exportons nos produits."
Définir les priorités pour l'après
Le gouvernement ukrainien a lancé auprès d’un groupe de chercheurs un projet scientifique baptisé "La stratégie pour le développement de l’intelligence artificielle en Ukraine 2022-2030" . L’objectif, peut-on lire dans ce document " d’importance nationale" , est de définir les domaines de recherche prioritaires (recherche fondamentale, recherche appliquée et étude expérimentale) pour " la sécurité, la défense nationale, et le développement socio-économique de l’Ukraine" , comme l’ont déjà fait une cinquantaine de pays développés et l’Otan.
Pour Kiev, il s’agit d’une mission "civilisationnelle", qui doit permettre de limiter "la dépendance technologique dans le domaine de l’IA". Au-delà du secteur de la défense, le projet insiste sur la science et l’éducation, la médecine, l’automatisation de l’industrie, les télécoms, les transports, l’agriculture et l’écologie.
En résumé, l’intelligence artificielle est mise au service de la reconstruction d’un pays qui a besoin aussi d’adopter de nouvelles normes exigées pour intégrer l’Union européenne.
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