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Guerre en Ukraine : comment l'économie ukrainienne résiste

Un monde d'avance s'installe à Kiev toute cette semaine, un an après le début de l'invasion russe en Ukraine. Aujourd'hui, nous nous intéressons à l'état de l’économie du pays qui résiste plutôt bien, même si l’année écoulée a bien sûr été très difficile.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Avec une moisson finalement correcte, le secteur de l'agroalimentaire ukrainien a finalement tenu. Le 14 juin 2022 dans la région d'Odessa. (OLEKSANDR GIMANOV / AFP)

L'année 2022 restera évidemment comme la plus difficile de l'histoire de la jeune démocratie ukrainienne avec entre 30 et 35% de recul du Produit intérieur brut (PIB). Il s'agit de la chute la plus importante depuis l'indépendance, il y a 30 ans. Le coût des destructions causées par les bombardements est évalué à plus de dix milliards de dollars.

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Les coupures d'électricité, dues aux frappes russes sur les infrastructures énergétiques, ont ralenti l'économie. La guerre au Donbass a privé le pays d'une bonne partie de ses ressources minières et sidérurgiques. Les terres agricoles qui représentent 20% de la richesse nationale ont également été touchées. Les ports sont en difficulté, quand ils n'ont pas été pris par l'armée russe, sur la mer d'Azov. Deux chiffres révélateurs : les exportations sidérurgiques ont baissé de 67% en 2022, celles de blé de 22%.

Le secteur de la high tech porte l'économie ukrainienne

Évidemment, l'économie souffre, en particulier dans l'est et le sud du pays. Mais le rebond est en cours avec une forte capacité d'adaptation. Cela passe par la high tech, qui porte désormais l'économie ukrainienne. Un phénomène spectaculaire. Ces entreprises se sont toutes relocalisées (par centaines) à l'ouest du pays entre Kiev et Lviv. Elles font preuve d'une étonnante créativité. Le secteur emploie désormais plus de 300 000 personnes, c'est davantage que la fonction publique. Il représente presque la moitié de la richesse dans le secteur des services. Et sept des vingt entrepreneurs les plus riches font aujourd'hui partie de ce monde de la technologie et du numérique.

Cette vitalité sert l'armée - qui utilise souvent les trouvailles des petits génies de l'informatique - et elle se reflète aussi dans la vie quotidienne des civils. Par exemple, à Kiev vous trouvez dans les espaces publics des bornes numériques où vous pouvez tout faire : aussi bien retirer de l'argent, que surfer sur Internet, faire du shopping en ligne, créditer votre téléphone ou réserver votre transport.

Un retour de la croissance en 2023 ?

Des secteurs plus traditionnels ont également rebondi. Par exemple, les banques ont tenu. Même chose pour le puissant agrobusiness après une moisson finalement correcte. Il s'est adapté pour trouver des moyens de transport pour exporter ses céréales (un peu moins par la mer, un peu plus par la route ou le train). N'oublions pas que l'ouest du pays fonctionne. Kiev en particulier qui représente un quart de la production de richesse. Résultat : 80% des entreprises continuent de tourner. L'Ukraine espère même renouer avec une croissance modeste cette année avec +0,3%.

L'économie tient aussi grâce aux aides occidentales. C'est une économie sous perfusion, portée à bouts de bras par l'Europe et les États-Unis. Plus de 25 milliards d'euros sur deux ans ont été fournis par les Européens, c'est colossal, et 12 milliards par les États-Unis. Cela prend la forme de prêts, de subventions, et aussi de matériel, par exemple de centaines de milliers de générateurs électriques.

L'enjeu de la période en cours concerne la mutation de l'économie ukrainienne, avec une fiscalité qui permette d'améliorer les ressources de l'État et avec des règles plus transparentes, notamment réduire la corruption encore très présente dans le milieu des moyennes entreprises. C'est la lutte aussi contre les privilèges des anciens oligarques, dont la fortune de fait a beaucoup diminué. On pense notamment au plus célèbre d'entre eux, Rinat Akhmetov, et à tous ces milliardaires surnommés "le bataillon de Monaco" par les services secrets ukrainiens.

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