Penser l'Ukraine d'après la guerre : la corruption, cible prioritaire de Kiev
Dans sa marche à l’intégration européenne, Kiev a ouvert de multiples chantiers. Parmi eux, la lutte contre la corruption, qui contribue aussi à rassurer les donateurs internationaux. Dans le dernier indice mondial de perception de la corruption calculé par Transparency International, sur 180 pays passés au crible, l’Ukraine occupe le 116 e rang. En 2021, elle était 122 e , et en 2012, 144 e . Des progrès appréciés par l’ONG, qui souligne que "même après le début des combats, l’Ukraine a continué à donner la priorité aux réformes contre ce fléau, adoptant même une nouvelle stratégie nationale anti-corruption" .
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Le président ukrainien est très engagé dans cette bataille décisive pour l’avenir du pays. En janvier dernier, un scandale a éclaté en Ukraine après qu’une enquête a révélé l’implication d’une dizaine de fonctionnaires et de membres du gouvernement dans une affaire de détournements de fonds et de profits de guerre. Ils ont été rapidement limogés par Volodymyr Zelensky, qui a voulu rassurer ses alliés.
Une lutte encouragée par l'Union européenne
Pour rejoindre l’Union européenne, l’Ukraine doit se mettre en conformité avec toutes les conditions posées par la Commission de Bruxelles. Les réformes à mener sont nombreuses, notamment dans le secteur de la justice, en matière d’État de droit et de lutte contre la corruption. Kiev doit aussi gagner la confiance des donateurs internationaux qui vont financer la reconstruction.
Mais la bataille s’annonce intense, d’autant que les oligarques et la corruption sont installés de longue date sur les rives du Dniepr, un héritage de l’empire soviétique contre lequel l’Ukraine se bat avec le soutien de la société civile.
"La corruption, surtout dans le monde judiciaire, est l’obstacle le plus important pour qui veut réaliser des investissements en Ukraine."
Olena Halushkaà franceinfo
Olena Halushka siège au conseil d’administration de l’ONG International Center for Ukrainian Victory . Elle est à la pointe de la lutte contre la corruption. Cette docteure en économie internationale, diplômée de l’Université de Kiev, milite activement pour un système politique et économique moderne, indispensable à la reconstruction de son pays. Son organisation élabore des mesures préventives pour utiliser au mieux les fonds alloués à la reconstruction de son pays.
Renverser un système adoubé par Moscou
Olena Halushka apprécie les réformes exigées par les 27 pour que l’Ukraine adopte les standards de l’Union européenne dans le cadre son long processus d’adhésion. " Cela nous aide énormément. C’est un dispositif puissant, auquel la société civile fait souvent référence" , insiste la jeune femme, qui signe régulièrement des tribunes dans le Washington Post , dans Foreign Policy et dans l’ EU Observer .
Le travail engagé par l’Ukraine il y a une dizaine d’années va prendre encore du temps. Après tout, il s’agit de renverser un système adoubé par Moscou. Olena Halushka rappelle que trois jours avant l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a pointé du doigt " plusieurs institutions ukrainiennes anti-corruption". "Le président russe savait exactement que nous mettions en œuvre la réforme judiciaire avec le soutien de l’étranger. Son discours a montré que la démocratisation de l’Ukraine représentait un danger imminent contre l’influence des oligarques russes proches du Kremlin."
Olena Halushka et les activistes de la lutte anti-corruption sont régulièrement attaqués sur les réseaux sociaux et dans les médias russes pour leur position, mais "i l est important pour nous de gagner contre l’ennemi extérieur, pour qui nos réformes et nos succès représentent un grand danger" , assure pour autant la militante.
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