Plafonnement des importations agricoles ukrainiennes : cet accord "n'est pas la position que défendait la France", réagit Marc Fesneau

"Un frein d'urgence" aux importations a été mis en place "pour la volaille, les œufs et le sucre", notamment ainsi que "l'avoine, le maïs, les gruaux et le miel", a indiqué le Parlement européen.
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Le ministre de l'Agriculture, le 20 mars 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

L'accord conclu dans la nuit entre les États de l'Union européenne et le Parlement européen mercredi 20 mars pour plafonner certaines importations agricoles ukrainiennes exemptées de droits de douane n'est "pas encore comme celui que nous souhaitions", a réagi mercredi 20 marssur franceinfo le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Face à la crise des agriculteurs, l'UE s'est accordée pour mettre en place des restrictions aux importations agricoles ukrainiennes, qui, depuis juin 2022, sont exemptées de droits de douane sur le marché intérieur.

Tout en saluant une "marque de solidarité" de l'UE à l'égard de Kiev, le ministre a rappelé que cette "avancée" ne doit pas se faire "au prix d'une déstabilisation trop forte du marché".

"Il faut trouver ce point d'équilibre entre la solidarité qui est nécessaire et en même temps, la nécessité que les marchés soient stabilisés au niveau européen."

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture

à franceinfo

"Il y a un certain nombre de mesures et de dispositions qui sont faites pour mettre en place des freins sur un certain nombre d'importations qui sont trop nombreuses", a-t-il expliqué. Le texte prévoit en effet "un frein d'urgence pour la volaille, les œufs et le sucre", ainsi que "l'avoine, le maïs, les gruaux et le miel", a indiqué le Parlement européen dans un communiqué.

"Il y a un certain nombre d'avancées, mais elles ne sont pas suffisantes", a poursuivi le ministre. "Le travail va se poursuivre", a-t-il insisté, avant de préciser que "ces mesures doivent se mettre en place au début du mois de juin".

Inclure plus de céréales et étendre la période de référence

"On souhaite inclure plus de céréales, le blé en particulier", a d'abord précisé Marc Fesneau. Ensuite, la période de référence pour fixer une limite aux importations n'a pas été étendue, contrairement à ce que souhaite la France, afin de tenir compte du niveau des exportations de 2021, soit avant la guerre. De fait, les importations dédouanées de ces produits seront ainsi de facto plafonnées aux niveaux moyens importés par l'UE en 2022 et 2023. "Il faut qu'on ait des années de référence qui soient d'une nature différente pour qu'on ait des seuils qui soient un peu plus abaissés", a souligné l’élu du Loir-et-Cher.

Par ailleurs, écoutant les doléances de Varsovie et des pays Baltes, la Commission européenne souhaite proposer "prochainement" la mise en place de droits de douane sur les importations de produits agricoles en provenance de Russie. Jusque-là, les 27 s'y étaient toujours refusés, au nom de la sécurité alimentaire. "Il a toujours été mis sur la table que nous ne procédions pas à des mesures de rétorsion sur les denrées alimentaires", a rappelé le ministre de l'Agriculture, pour qui "c'est une question de souveraineté européenne". "L'Europe a besoin d'importer 40 millions de tonnes de céréales, et des pays qui sont capables de fournir, il n'y en a pas des dizaines de milliers, il y a la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine", a-t-il concédé. "Si nous n'avions pas fait ça, nous aurions déstabilisé nous aussi les marchés et qu'un certain nombre de pays, pas la France, ont besoin de céréales", a-t-il souligné, évoquant un "vieil accord" avec la Russie conclu en 2019 au sujet de l'exemption de droits de douane sur les céréales russes. "On a besoin dans le moyen terme de faire en sorte que nous ne soyons pas dépendants. Nous étions dans la même dépendance sur le gaz, sur l'énergie et c'est ça dont il faut sortir au niveau européen", a-t-il affirmé.

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