Premier Noël en exil pour des milliers d’Ukrainiens : "Nous ne sommes pas ensemble physiquement mais nous le sommes par l’esprit"
À peine passée la porte, la petite Valentina, 4 ans, saute dans les bras d’Agnès, une habitante de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) qui s’est inscrite dans le programme J’accueille. Avec son mari, Alain, elle héberge dans son apparemment douillet et rassurant, la petite fille et sa maman, Oléna, depuis déjà 6 mois, loin de la guerre et d’Odessa, où elles vivent habituellement. "On a appris à se connaître. On fait des activités ensemble, des sorties. On discute beaucoup, on fait des dessins", explique Agnès.
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"Et puis récemment, on a fait des décorations", comme ce grand sapin vert qui trône près du canapé ou ce deuxième, plus petit, en bois, près de la fenêtre. "Valentina l’a fait au centre de loisirs", précise Agnès. Et dans une enveloppe, il y a la lettre au Père Noël. "C’est très bizarre, elle est tombée amoureuse de la cuisine, s’amuse Oléna sa maman, qui s’exprime en anglais. Alors, elle lui a demandé comme cadeau une cuisine... rose !"
"On va préparer un bon repas, faire goûter à Oléna des mets assez traditionnels"
Agnès qui accueille chez elle Olena et Valentinaà franceinfo
Ce soir sur la table du réveillon, pas de plats ukrainiens. "Oléna a dit qu’elle aimait bien les huîtres donc on va avoir des huîtres, un jambon de Noël. On va voir comment on va s’organiser, ensemble", poursuit Agnès.
Oléna pourra aider "si elle en a envie" mais elle n’aime pas beaucoup faire la cuisine, croit savoir son hôtesse. "C’est étrange du coup que ma fille demande une cuisine à Noël", confirme Olena en riant. Cette année, Noël aura de toute façon une saveur différente.
"En Ukraine, nous ne fêtons pas Noël le 25. C’est différent, c’est à partir du 6 janvier et peut-être qu’à ce moment, je cuisinerais des plats traditionnels ukrainiens."
Olénaà franceinfo
Ce Noël sera le premier loin de leur famille. La grande fille d’Oléna est réfugiée en Hollande et son mari est resté défendre l’Ukraine."D’habitude nous sommes en famille. Mon mari est sur le front. Il m’a dit : Oléna, je vais passer Noël dans une tranchée. Je lui ai répondu que nous penserons très fort à lui, ce soir. Nous ne sommes pas ensemble physiquement mais nous le sommes par l’esprit. Je pense à lui tout le temps."
Cette nuit, Agnès, sa famille, Olena et Valentina iront à la messe de Noël et Oléna priera très fort pour que "cette guerre s’arrête et ne recommence plus jamais".
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