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Reportage Guerre en Ukraine : à la frontière avec la Roumanie, la traque des déserteurs

Ils sont, selon les officiels ukrainiens, "des dizaines de milliers" à avoir fui la mobilisation et à s’être réfugiés à l’étranger.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un barrage à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie. Octobre 2023 (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

En Ukraine, seuls les pères d’au moins trois enfants ou les hommes malades peuvent échapper à la conscription. Les autres, âgés de 18 à 60 ans, ont l'obligation de rester sur le territoire national en vue de leur incorporation dans l’armée. Mais depuis le début de la guerre, en février 2022, plusieurs dizaines de milliers d'Ukrainiens ont fui la mobilisation ou déserté.

À la frontière avec la Roumanie, dans les montagnes des Carpates, où l'on pourrait se croire loin de la guerre, le paysage est bucolique mais l'atmosphère est tendue. À trois kilomètres de la frontière, un barrage : contrôle des papiers, fouille du véhicule... Les garde-frontières ukrainiens traquent les déserteurs : "Les hommes de 18 à 60 ans, c’est notre priorité."
 
Difficile de passer par la route, où les contrôles sont nombreux. Les déserteurs tentent plutôt de franchir la frontière par la forêt. Mais "cette partie de la frontière est assez compliquée à franchir, souligne le major Constantin Lisnik, des garde-frontières de la région de Tchernivtsi. Il y a des montagnes, des cols. Nous sommes en octobre et il y a déjà de la neige sur certains sommets. Pour les gens qui ne sont pas en bonne forme physique c’est très dangereux."

Le sous-colonel Akimov désigne la forêt à la frontière ukraino-roumaine, par laquelle tentent de passer les déserteurs. Octobre 2023 (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

3 500 déserteurs et 150 passeurs ont été arrêtés

Ces derniers mois, une centaine d’hommes sont morts en tentant de franchir la frontière avec la Roumanie, "alors une autre partie des gens payent entre 2 000 et 5 000 dollars, poursuit le major Lisnik. Ils s’adressent à des passeurs, des locaux qui savent s’orienter et qui connaissent bien le terrain."  Depuis le début de la guerre dans cette région, les garde-frontières ont arrêté 150 passeurs et près de 3 500 déserteurs, en partie grâce à l’aide d’informateurs locaux : les bergers et les bûcherons. 
 
Les garde-frontières ont aussi mis en place une surveillance minutieuse de la frontière, avec des patrouilles, des drones, des caméras dissimulées dans les bosquets et des équipes cynophiles qui quadrillent la zone. "Derrière la rivière, c’est la Roumanie", indique le sous-colonel Artem Akimov. 

"Tous les citoyens ukrainiens ont le devoir de défendre leur patrie. Si tout le monde s’enfuit, notre pays disparaîtra." 

Le sous-colonel Artem Arkimov

à franceinfo

Au bord de la rivière, le major Anton Chymansky regarde la nuit tomber : "La plupart des déserteurs nous avouent qu’ils ont peur de faire la guerre, de mourir, de devenir handicapé. Généralement ils nous disent la vérité."  Pour fuir la guerre, certains sont même prêts à tenter la traversée plusieurs fois. Il faut dire qu'en cas d'arrestation l’amende n’est pas très dissuasive : entre 90 et 250 euros. 

En Ukraine, la traque des déserteurs : reportage de Boris Loumagne

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