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Reportage Guerre en Ukraine : à Lviv, la réouverture des écoles se prépare sous le regard inquiet des parents

Après des mois de cours en distanciel, les élèves du pays sont invités à retourner en classe à la rentrée. Les locaux sont en cours de réaménagement. Mais certaines familles redoutent que les établissements soient pris pour cibles par l'armée russe.

Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La cours du lycée des relations internationales de Lviv (Ukraine) où s'entassent des gravats. (JULIE PIETRI / RADIO FRANCE)

Cela fait trois mois qu'Anna a fui les forces russes et Kherson, dans le sud de l'Ukraine, avec son fils de huit ans pour rejoindre Lviv, à l'ouest. Il est hors de question, dit elle, qu'il retourne en classe, même si l'enfant confie que l'école lui manque un peu. Hors de question de le renvoyer physiquement en cours : "C'est dangereux. Je ne veux pas renvoyer mon enfant à l'école. Les Russes tirent sur les bâtiments civils, ils visent les écoles et ça peut arriver partout, même dans la région de Lviv." 

Dans cette pièce du sous-sol de l'école, de sacs de sable occulteront les fenêtres pour protéger l'établissement des bombardements. (JULIE PIETRI / RADIO FRANCE)

Alors que l'offensive s'élargit – le chef de la diplomatie russe ayant fixé comme objectif, après le Donbass, la prise des régions de Kherson et Zaporijia mercredi 20 juillet – le gouvernement ukrainien a annoncé la réouverture des écoles, en présentiel, à la rentrée, le 1er septembre. Exception faite des villes les plus proches des combats. De nombreux parents à l'image d'Anna redoutent de voir leurs enfants regroupés et pris pour cibles même dans des villes relativement épargnées par le conflit.

"Personne ne va mettre les enfants sous les bombes"

La sécurité, c'est notre priorité, tente de rassurer à la mairie de Lviv l'adjoint Yevgeny Boïko, en charge de la politique humanitaire : "Personne ne va mettre les enfants sous les bombes. On verra en fonction de la situation du pays. À Lviv, 84 % des écoles ont un abri, mais il faut faire des travaux." Ce qu'il appelle abris, ce sont souvent de simples pièces en sous-sol ou à demi enterrées qu'il faut équiper et consolider.

"Il y a beaucoup à faire, mais on sera prêts", affirme Svetlana Oralova, alors qu'elle descend quelques marches au sous-sol du lycée des relations internationales, l'école qu'elle dirige dans le centre-ville de Lviv. Avant la guerre, 1 300 élèves de 6 à 17 ans étaient inscrits. Les salles de classe sont devenues un espace sombre encombré de gravats.

Une salle de classe du lycée des relations internationales de Lviv. (JULIE PIETRI / RADIO FRANCE)

Le carrelage qui recouvrait les sols et les murs a été cassés et entièrement retirés : trop de risques d'éclats en cas d'impact. Un simple enduit sera appliqué, précise la directrice : "Toutes les fenêtres seront occultées par des sacs de sable. Ici, il y aura des télés. On pourra abriter jusqu'à 200 personnes ici, promet-elle. Ce sera seulement pour les cinq classes de CP. Pour les plus grands, il faudra marcher dix minutes jusqu'à l'abri de l'église ou huit minutes jusqu'à une autre école" 

Pas assez de place pour tous donc, au sein de l'établissement. En cas de bombardements, Svetlana Oralova réfléchit à un système de rotation des élèves : laisser une partie à tour de rôle en distanciel pour éviter que l'établissement soit plein.

Ukraine : les écoles sécurisées en vue de la rentrée - Reportage de Julie Pietri et Arthur Gerbault

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