: Reportage Guerre en Ukraine : dans le Donbass, un camp de base où les soldats ukrainiens soufflent avant de retourner au front
Comment s’organise l’armée ukrainienne, pour tenir, dans ces combats de tranchées du Donbass ? Près de Bakhmout, un camp de base, plein de boue et d'hommes, est installé. Certains coupent du bois pour le poêle qui chauffe la chambrée de ceux qui se reposent. Il s'agit de la maison d'un apiculteur, dans ce village quasiment déserté par les civils, à cinq kilomètres des premières lignes de front. Les ruches sont restées dans le jardin, désormais entourées d’armes et de mille bricoles militaires.
Le propriétaire, qui est parti, sait-il que des dizaines de soldats se sont installés chez lui depuis quelques mois ? "En général, on essaie de prévenir…, assure Vitaly, le commandant de 22 ans. Mais il faut bien s’organiser ! C’est un voisin qui nous a indiqué que la maison était vide."
Il n’y a pas d’eau courante. Les toilettes, rustiques, sont au fond du jardin et sur un fil, quelques uniformes tentent de sécher. "Ici, ça n’est pas si mal !, estime Vitaly. C’est au front que c’est dur, pour les gars, avec la gadoue, l’humidité… Et en ce moment, tout est gelé ! Donc c’est difficile de creuser les nouvelles tranchées."
"C'est difficile de parler de ce qu'on vit"
Il faut effectivement réaménager sans cesse les positions de combat. Elles bougent en permanence, confirme Oleksandr. "C’est chaud, là-bas. Ya plein de Russes ! Ça tire, ça frappe… Le quotidien sur la ligne de front, quoi !"
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Les militaires y restent parfois 10 ou 15 jours d’affilée, avant de rentrer souffler dans cette base arrière, mais leurs visages restent fermés. "C’est difficile de parler de ce qu’on vit, explique Vitaly. On souffre." Il fait une pause. "Il y a des morts, des blessés." Un combattant fait son sac : il repartira un peu plus tard pour le front. "Les tranchées ? On en revient !", lance un soldat.
Dans la cuisine, ceux qui reviennent profitent d'un plat chaud. "De la viande !", dit ce soldat, la bouche pleine. Sur la table : du borsch, et une marmite de plov, le riz ukrainien. "Oh, ici, on mange bien !, estime Yévguen, mais là-bas dans les tranchées, c’est autre chose !" "D’abord, on n'a pas le temps, explique le soldat. Et puis depuis neuf mois que ça dure… Ras-le-bol des conserves de viande !"
Tout à l’heure, il ira s’allonger un peu, sur les couchettes sommaires : de fins matelas sur des planches. Mais Yévguen hausse les épaules : "Ça va. Ici, quand tu te couches, tu dors."
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