: Reportage Guerre en Ukraine : "Dans le froid, dans le noir, c’est dur, mais il faut le faire !", témoigne cette postière qui livre des colis à 40 km du front
À l’extérieur, il fait grand jour. Mais ce bureau de poste de Sloviansk dans le Donbass, lui, est plongé dans le noir. C’est presque en chuchotant qu’Aliona – dans son gros manteau rouge aux couleurs de Nova Poshta – s’occupe des clients. Il s'agit d'un bureau qui appartient à une compagnie privée présente à travers pays, très efficace et moderne, à l'inverse de la poste publique. "Je suis bien obligée de travailler, parce que les gens attendent leurs colis… Là, vous voyez, il n’y a pas de courant, pas d’ordinateur. Donc, on fait tout à la main".
À la lumière des portables, on distingue derrière elle les casiers, pleins à craquer : des colis venus de toute l’Ukraine jusqu’ici, à Sloviansk, à 40 km du front. "Oui, notre travail est héroïque, convient Aliona en souriant. Dans le froid, dans le noir, c’est dur, mais il faut le faire !"
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Des civils et des militaires ravis
Les clients sont aussi bien des civils que des soldats, explique Aliona. "C'est moitié-moitié" glisse-t-elle, même si ce matin-là, il n’y a presque que des militaires, qui font la queue.
Volodymyr entame trois jours de permission, il en profite donc pour récupérer son colis. Scène insolite : il s'agit d'un carton qu’il déballe frénétiquement, comme un enfant à Noël. Il en sort fièrement une veste, bien chaude : "Voilà, c’est ça qu’il nous faut !", s'exclame-t-il, franchement content.
"C’est ma fille qui m’a envoyé un uniforme militaire pour l’hiver."
Volodymyr, un soldat ukrainienà franceinfo
"Ça vient d’Allemagne. C’est mieux que la version ukrainienne, précise-t-il. On est bien équipés, dans l’armée, on a des uniformes, on a à manger… Tout ce qu’il faut. Mais quand tu es dans les tranchées, dans l’eau, la boue, c’est bien d’avoir une tenue de rechange." Et c’est ce que contiennent la plupart de ces colis, de quoi faire face aux températures glaciales, moins 6 degrés ce jour-là à Sloviansk. Des vêtements, mais jamais de lettres. "Pour la correspondance, sourit Volodymyr, on a nos téléphones !"
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