: Reportage Guerre en Ukraine : l'aumônier militaire Petro aide les soldats "qui n'ont plus de force à l'intérieur à tenir le coup"
Dans l’est du pays, les soldats chargés de surveiller la frontière russe vivent dans l’incertitude, et sous la menace permanente des drones de l’ennemi. Alors beaucoup comptent sur l’aumônier militaire de leur bataillon, pour trouver un peu d’apaisement. Il occupe la dépendance, au fond du jardin, dans une maison squattée par les soldats, à quelques kilomètres de la frontière russe.
Petro a 39 ans et un col blanc d’aumônier militaire, bien visible sous son uniforme. Cela fait presque un an qu'il est dans l'armée. Avant cela, il était simple prêtre, à Ternopil. Une vie tranquille, où il était marié, avec deux enfants. "C’est justement l’une de mes motivations, en tant que père responsable : faire quelque chose pour libérer notre pays de l’ennemi."
Au mur, dans la petite pièce, une peinture de Jésus en prière regarde un grand drapeau de l’Ukraine. C’est là que Petro organise des prières, tous les jours. Il est une épaule, pour tout un bataillon. "Parfois, je vais aussi rejoindre les gars sur leurs positions. Je prends un casque, un gilet pare-balles. J’y vais, soit pour leur apporter des provisions, soit pour faire la prière et discuter avec eux."
Ces soldats, engagés dès le début de la guerre, n’étaient pas préparés à ce qu’elle dure déjà depuis plus de deux ans. "Certains ont du mal à tenir le coup, c’est très dur pour eux", déplore Petro. "De grands gars costauds, mais qui n’ont plus de force à l’intérieur." Leur langage commun devient alors aussi l’humour noir. "Ça arrive souvent, quelqu’un qui entre dans la pièce et te dit : "Ah ? Toujours vivant ?'", raconte-t-il en riant.
Un aumônier amateur de trail
Mais ce qui attire le plus les soldats, chez Petro l’aumônier, c’est son banc de musculation. Les plus sportifs se le disputent, entre deux rotations sur les positions militaires, près de la frontière. "Une de mes missions, c’est justement de promouvoir une vie saine, pour que les gars ne soient pas seulement en bonne santé morale, mais physique, aussi."
Et lui-même l’utilise presque tous les jours, "car j’ai un rêve", dit-il. En effet, Petro, le religieux, est aussi un grand amateur de trail. "Je rêve d’aller en France, à Chamonix, pour participer à l’ultra-trail du Mont-Blanc. C’est l’une des courses les plus populaires au monde. J’irai après la guerre. Alors je m’entraîne pour ne pas perdre la forme", explique Petro.
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